Magazine ARTISET | 1-2 2022

46  ARTISET 01/02 I 2022 «Des études montrent des différences significatives dans la fréquence des punitions physiques dès l’année d’intro- duction d’une interdiction légale de la violence dans l’éducation.» Andreas Jud, expert des droits de l’enfant Dans son dernier rapport, le Comité adresse au total 138 recommanda- tions à la Suisse: quels sont les principaux problèmes pointés par le Comité? Il y a des recommandations d’améliora- tions dans les domaines de la collecte des données, de la politique de l’enfance et de la jeunesse, de la protection de l’enfance, du droit pénal ou encore des procédures d’asile. Le rapport est cependant très tech- nique et formaliste. Il est difficile de savoir quels sont les aspects que le Comité consi- dère comme prioritaires. Probablement qu’il ne veut pas imposer un agenda aux États, mais les laisser décider où placer les priorités. Et à votre avis, quels sont les ac- tions prioritaires? Comme je l’ai déjà dit, du point de vue de la protection de l’enfance, une inter- diction légale des peines corporelles dans l’éducation est à mon avis un point essen- tiel. La collecte des données est une autre question importante et insuffisamment thématisée dans l’opinion publique. Pourquoi le Comité de l’ONU in- siste-t-il sur la nécessité de la col- lecte des données? Pour les praticiennes et praticiens, ce n’est apparemment pas très important. Ils se concentrent avant tout sur l’interaction avec les personnes concernées. Or, sans données précises, on reste dans le flou. Dans une perspective étatique générale, il est par exemple important de savoir quels enfants sont placés où et pourquoi. Ces dernières années, cependant, la Suisse a réalisé quelques progrès dans la saisie des données. Vous faites allusion à la plateforme nationale Casadata? Ce projet est aussi né des critiques du Comité de l’ONU, qui a dénoncé le fait que la Suisse ne savait pas où ni pour- quoi des enfants et des jeunes avaient fait l’objet d’un placement extra-familial. La plateforme Casadata saisit les données sur les institutions et sur les enfants et jeunes qui y sont placés. On y trouve aussi des informations sur les raisons de ces place- ments. Mais ces efforts ne suffisent pas. Les données relatives au placement dans les familles d’accueil ne sont pas encore systématiquement collectées au niveau national. Pourquoi est-il nécessaire de dis- poser de données précises sur les raisons des mesures prises? Andreas Jud: «On a besoin d’une certaine responsabilité thématique, sans pour cela remettre en question les structures fédérales.» Photo: archive privée L’actu

RkJQdWJsaXNoZXIy NDQzMjY=