ARTISET 04 I 2022 23 heures!» Elle apprécie également la collaboration au sein de l’équipe, où règne une atmosphère amicale et sereine. «De plus, je reçois souvent des retours positifs, tant de la part du personnel que des résident·es, sur la valeur que revêt à leurs yeux le travail des pairs.» Porte-parole des résident·es Pedro Codes remarque également régulièrement à quel point les résident·es répondent positivement à ce qu’il propose: «Ces personnes me font confiance, parce que moi aussi je reconnais que je ne vais pas toujours très bien, et que je montre comment je gère ces moments.» Même lorsque la personne en face de lui ne partage pas les mêmes antécédents médicaux que lui, ils ont toujours au moins une chose en commun: «Nous avons l’expérience de la souffrance, des séjours en clinique, des médicaments et des diagnostics», souligne-t-il. Pour Ursula von Bergen, le fait que les pairs fassent pleinement partie de l’équipe de conseil est aujourd’hui une évidence: «Cela montre à quel point nous attachons de l’importance à l’auto-efficacité de nos résident·es, conformément aux dispositions de la CDPH.» Elle coordonne le travail des pairs pour que cette offre soit disponible pour l’ensemble de l’établissement. Au quotidien cependant, Pedro Codes doit veiller à sa mission: «Même si je suis un employé de l’institution, je dois garder une attitude critique: je suis le porte-parole des résident·es!» Ursula von Bergen acquiesce. Elle souligne à quel point c’est effectivement important. C’est exactement cette attitude qui lui a permis de développer une bien meilleure compréhension des résident·es. Dès lors, il est important que les pairs suivent des formations continues, échangent avec d’autres groupes de recovery, par exemple, ou des colloques: «L’offre doit se développer, et les pairs évoluer avec elle.» À Schlossgarten, la direction est consciente qu’accueillir sous un seul et même toit de nombreuses personnes en situation de handicap psychique n’est pas idéal, et qu’une évolution en profondeur est nécessaire: changements institutionnels, nouvelles formes d’habitat, attitude facilitatrice, accompagnement des processus plutôt qu’assistance. Mais encore: «Il faudrait qu’il y ait des pairs partout, parce qu’il faut des personnes qui mettent leur expérience à disposition et montrent que l’on peut avoir une vie heureuse avec, ou en dépit de certains diagnostics.» De son côté, Pedro Codes apprécie d’être soutenu et encouragé. «Il faut toutefois beaucoup plus de places de formation et de travail pour les pairs, car nous contribuons à ce que l’on regarde l’individu dans sa globalité.» Dans le parc du château, Pedro Codes et la résidente se sont assis sur l’un des bancs du parc pour terminer leur conversation, tous deux très détendus. Comme l’expliquera plus tard Pedro Codes, un environnement apaisant aide beaucoup. Les gens le contactent spontanément, parce qu’on leur a parlé de cette offre. Les thématiques abordées, précise-t-il, sont alors totalement ouvertes: «L’un souhaite aller mieux, une autre s’inquiète parce que deux de ses proches sont hospitalisés, et un troisième a enfin trouvé une thérapeute qui parle sa langue.» Les pairs comme modèles Quand une personne est parvenue à réaliser quelque chose d’important, Pedro Codes aime fêter ce succès avec elle. Pour lui, le meilleur retour d’expérience est quand quelqu’un se réinscrit pour un entretien la semaine suivante. Souvent, le conseil de pairs prend fin lorsqu’une personne quitte l’institution. Ce sera notamment bientôt le cas d’un résident qui, depuis le tout premier jour de travail de Pedro Codes, a cherché son soutien. «De nombreux·ses résident·es prennent nos pairs comme modèles et veulent également exercer cette fonction», explique Ursula von Bergen. Les pairs ont carte blanche pour mettre en place de nouvelles idées, comme une soirée cinéma mensuelle: jusqu’à vingt personnes regardent ensemble des films en lien avec la notion de recovery. Après la séance, beaucoup restent pour participer à la discussion. «Ce type de soirées procure un sentiment de normalité, d’auto-efficacité et d’autodétermination», résume Pedro Codes. L’équipe n’est pas encore arrivée là où elle le souhaite, mais le travail de pairs est un vrai pas en avant. Dehors, l’air s’est rafraîchi. La promenade de consultation de Pedro Codes s’achève. Pedro Codes prend congé de la résidente puis va s’asseoir un instant à une table avec Ursula von Bergen pour clarifier quelques points en suspens. Sa journée de travail terminée, Il peut prendre du temps pour lui. Le fitness, la santé et le développement personnel lui tiennent à cœur et lui permettent de récupérer après ses entretiens. Aujourd’hui, à 44 ans, et après une grosse crise il y a cinq ans, il écoute encore plus ses désirs et ses rêves. Prendre soin de lui et être attentif à ses besoins ne l’aide pas seulement lui, mais aussi les résident·es de Schlossgarten Riggisberg. Beaucoup se réjouissent déjà de leur rendez-vous de pair hebdomadaire, pour s’inspirer de Pedro Coves et de son parcours. ➞ www.schlogari.ch À la une
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