24 ARTISET 04 I 2022 À la une Dylan Yenni est un grand jeune homme de 25 ans, plutôt jovial et sympathique. «Un mec pas compliqué», assure-t-il. Derrière son large sourire et ses grands yeux verts se cache un franc-parler souvent désarmant. «Je ne vois pas l’intérêt de passer par quatre chemins pour dire les choses», justifie-t-il. «Ça passe ou ça casse! Mais j’ai quand même dû apprendre à arrondir les angles», reconnaît-il. Parfois pincesans-rire, il aime bien «faire marcher» les gens. Pragmatique, il va à l’essentiel et ne s’embarrasse pas de questions inutiles. Il n’aime pas beaucoup être pris en défaut et ses affirmations sont souvent catégoriques et souffrent peu la contradiction. Ce matin-là, Dylan Yenni est venu avec son chien Malo, un Braque de Weimar. Quant à Kiwi, une jeune femelle Jack Russell, elle est restée à la maison. «Ce sont deux races de chiens têtus… Ce n’est peut-être pas pour rien que je les ai choisis!», remarque le jeune homme, qui a toujours été entouré de chiens dès son plus jeune âge. Né dans un milieu familial difficile, atteint d’un trouble envahissant du développement associé à une forme légère d’autisme aujourd’hui quasiment disparue, Dylan Yenni a grandi dans une famille d’accueil avec, cependant, de nombreux séjours en foyer en raison de procédures judiciaires à répétition. Lorsqu’il énumère les nombreuses activités qui l’occupent et qui l’amènent à être en contact avec beaucoup de monde, on peine à croire qu’il était un enfant solitaire, voire asocial selon ses propres termes, qui s’isolait dans son coin dès qu’il y avait plus de deux ou trois personnes autour de lui. Il a acquis progressivement son indépendance dès sa majorité, passant dans des structures de la Fondation Eben-Hézer, d’abord dans un foyer pour adultes, ensuite en colocation, puis seul dans un appartement. Aujourd’hui, il vit de façon autonome, sans plus de curatelle, dans son propre logement, à Montbovon, dans le canton de Fribourg. Un expert de terrain Dylan Yenni a appris jeune à s’organiser pour les actes du quotidien et à gérer son argent. «Dans ma famille d’accueil, j’ai appris à aider aux tâches ménagères et à la préparation du repas, c’était donc facile par la suite. J’ai aussi appris que l’argent ne tombe pas du ciel. À 14 ans, je faisais déjà des budgets pour savoir ce que je pourrais m’acheter!» Il se débrouille bien, en effet. Si bien, probablement d’ailleurs, que la Fondation Eben-Hézer lui propose, en 2018, de participer à un séminaire d’été à l’Université du Québec à Pair d’inclusion: un nouveau rôle en quête de statut La facilitation d’inclusion est un projet qui vise le soutien à la vie autonome de personnes en situation de handicap par des pairs. En Suisse romande, un dispositif pilote a déjà permis de former cinq jeunes facilitatrices et facilitateurs d’inclusion, dont Dylan Yenni. Il est enthousiaste, mais il attend encore que ce métier soit reconnu. Anne-Marie Nicole
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