ARTISET 04 I 2022 27 avec ses difficultés et ses capacités, et comprendre ses demandes. «Cela requiert de l’écoute, de l’empathie, de la patience, du sang-froid parfois lorsqu’il faut répéter dix fois les mêmes gestes», explique Dylan Yenni. «J’ai beaucoup de ces qualités. Pour les autres, j’y travaille, notamment la patience, qui n’est pas toujours mon point fort!» Les facilitateurs et facilitatrices d’inclusion ne remplacent pas les équipes éducatives, mais les complètent, avec l’avantage de pouvoir prendre le temps nécessaire pour accompagner leurs pairs dans l’apprentissage de l’autonomie. Parmi les critères d’admission à la formation de facilitateur et facilitatrice d’inclusion, Doriane Gangloff mentionne également un niveau élevé de compréhension. Selon cette éducatrice spécialisée, aujourd’hui formatrice d’adultes et responsable du dispositif de formation, «la transmission des compétences de pair à pair est parfois complexe: il faut être capable de prendre du recul, savoir questionner, expliquer un raisonnement et partager ses réflexions». Un manque de reconnaissance Ce qui l’inquiète aujourd’hui cependant, c’est de savoir comment ce nouveau rôle va pouvoir se déployer en l’absence de statut. «Nous ne voulons pas faire de la pair-aidance une activité bénévole, mais un nouveau métier reconnu et rémunéré», affirme Doriane Gangloff. Cette ambition se heurte cependant au système de calcul des rentes AI, avec le risque de péjorer la situation des facilitateurs et facilitatrices d’inclusion. Pour y remédier, diverses solutions sont à l’étude. Il s’agit d’une part de régler la question du défraiement des pairs d’inclusion, d’autre part d’obtenir une reconnaissance professionnelle par la délivrance d’un titre de qualification officiellement admis, a minima par les associations de branche. En attendant, Dylan Yenni poursuit ses différentes – et nombreuses – activités. Tous les jours, il aide son petit cousin aux travaux d’entretien de sa ferme et prend soin des chiens et des chevaux. Deux fois par semaine, il officie comme parrain de gare pour les CFF, à Fribourg, et travaille sur appel comme auxiliaire d’information voyageurs pour les Transports publics lausannois. Il poursuit sa collaboration à la HETS à Genève et intervient comme co-formateur avec Doriane Gangloff dans des institutions pour sensibiliser les équipes éducatives et les personnes en situation de handicap à la CDPH et aux droits des personnes en général. Il a encore plein d’autres projets en tête, surtout en lien avec les animaux, mais il ne nous en dira pas plus pour l’instant… LA FORMATION À LA FACILITATION D’INCLUSION Le projet MEDIA (Mainstream for the Empowerment of Disabled people in an Inclusive Approach) est un projet européen mené entre 2019 et 2021 et financé par le programme Erasmus+. Il a réuni des équipes de recherche de France, Belgique, Grèce et Suisse pour travailler sur quatre dimensions d’inclusion: le travail, l’habitat, la participation sociale et l’accès à l’administration et aux soins. L’équipe de recherche suisse s’est principalement concentrée sur le domaine de l’habitat et a été mandatée pour développer un dispositif de formation de pairs facilitateurs et facilitatrices à l’inclusion. Une formation pilote, axée sur le domaine de l’habitat et de la vie autonome, a été menée entre janvier et mars 2021, à raison de deux demi-journées par semaine, avec cinq jeunes adultes en situation de handicap. Elle comportait trois modules: ■ Les connaissances générales, dont la connaissance des droits des personnes en situation de handicap, des différentes situations de handicap et des différents types d’habitat autonome. ■ Les compétences de paire-aidance, dont la création de relations interpersonnelles, la gestion des conflits, l’évaluation d’une situation et le développement de la posture de facilitateur·trice ■ L’environnement, soit la connaissance de l’environnement physique et architectural du territoire d’intervention, des acteurs-clés et des ressources à disposition. La formation se termine par un stage pratique de vingt heures dans une institution et donne lieu à une attestation. La formation de pair facilitateur et facilitatrice d’inclusion est au programme 2022–2023 de l’association Actifs. ➞ www.actifs-ge.ch À la une «La transmission des compétences de pair à pair est parfois complexe: il faut être capable de prendre du recul, savoir questionner, expliquer et partager ses réflexions.» Doriane Gangloff, éducatrice spécialisée et formatrice d’adultes
RkJQdWJsaXNoZXIy MTY2NjEzOQ==