ARTISET 04 I 2022 3 «Nous nous sentons en confiance plus particulièrement avec des personnes qui vivent une situation similaire à la nôtre et témoignent d’expériences semblables.» Elisabeth Seifert, rédactrice en chef Chère lectrice, cher lecteur, Vous connaissez probablement vous aussi ce sentiment de bien-être et de sécurité lorsque nous sommes en compagnie de personnes qui nous comprennent. C’est particulièrement le cas lorsque ces personnes vivent une situation similaire à la nôtre et lorsqu’elles témoignent d’expériences semblables. Avec elles, nous nous livrons, nous partageons nos soucis et nos problèmes, nos espoirs aussi. Par cet échange sur notre vécu, nous apprenons à mieux nous comprendre, nous gagnons en assurance et en courage, et nous bénéficions aussi de quelques précieux conseils. Si nous avons toutes et tous besoin de telles relations, c’est encore plus vrai pour les personnes vivant des situations particulièrement difficiles. Des personnes qui connaissent des expériences éprouvantes en raison de leurs problèmes psychiques. Ou des personnes en situation de handicap, quel qu’il soit, qui font face à moult obstacles sur le chemin vers l’autonomie, à l’instar des care leavers qui doivent durement se battre, faute de soutien, pour s’intégrer dans la société. Et que dire des personnes âgées qui voient se déliter leurs relations de confiance de longue date et perdent ainsi leur intégration sociale? Les articles à la une de cette édition soulignent bien l’importance des relations entre pairs, c’est-à-dire entre personnes partageant les mêmes idées ou concernées par la même situation. C’est particulièrement manifeste dans le mouvement d’entraide autogérée, ainsi que l’explique Lukas Zemp, directeur de la Fondation Info-Entraide Suisse, dans une interview (page 13). Né dans les années 1980, le mouvement compte aujourd’hui quelque 2800 groupes d’entraide locaux, portant sur 300 thèmes. Les reportages consacrés à une émission de radio à Berne, à laquelle participent des hommes et des femmes avec un vécu psychiatrique, ainsi qu’un réseau de seniors en Suisse romande, illustrent la dimension intégrative des groupes d’entraide et autres démarches semblables (pages 10 et 17). Les pairs, qui sont «expertes et experts sur la base de leur propre expérience» et au bénéfice d’une formation spécifique, gagnent en importance dans les domaines de la santé et du social, soutenant les personnes vivant des situations similaires à la leur, mais aussi les équipes professionnelles. Découvrez les portraits de Salome Balasso, qui a suivi une formation continue pour des personnes qui ont l’expérience de crises vécues, et de Dylan Yenni qui a été formé comme facilitateur d’inclusion dans le cadre d’un projet pilote en Suisse romande (pages 6 et 24). Les institutions qui accompagnent des personnes atteintes de troubles psychiques font elles aussi de plus en plus appel à des pairs qualifiés, à l’image de l’établissement Schlossgarten, à Riggisberg (page 20). Le programme de parrainage du réseau Care Leavers de la région de Bâle revêt la même fonction. «Sans Gael, je ne serais pas aussi motivée pour réussir et faire quelque chose de ma vie», raconte Angela. Et d’ajouter à propos de son parrain: «Bien qu’il ait lui aussi connu des débuts difficiles, il en a fait quelque chose de bien.» Un témoignage qui montre parfaitement ce que peut apporter une relation entre pairs. Photo de couverture: Pedro Codes, un pair avec une expérience en psychiatrie, et une résidente de Schlossgarten Riggisberg, dans le parc de l’institution. Photo: Marco Zanoni Éditorial
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