ARTISET 04 I 2022 37 «En effet, concilier les différentes exigences ne dépend pas uniquement des heures de travail, mais également d’autres facteurs: y a-t-il, par exemple, des outils destinés à répondre aux préoccupations du personnel? On pense ici bien entendu tout d’abord à une crèche. Mais qu’en est-il de l’aide et des soins à domicile pour les employé·es qui sont proches aidant·es? Bricoler le modèle sur lequel est cadré l’horaire de travail ne suffit pas, il faut aussi proposer des services qui soient de vraies solutions. Et cela doit s’inscrire dans la culture d’entreprise. Mais c’est ce qui manque encore en partie.» Comme le précise encore Fabian Leuthold, le courage fait souvent défaut. «On ne veut pas risquer l’échec. Or, notre conseil est plutôt: essayez! Et si ce n’est pas concluant, procédez à des adaptations! C’est parfois en avançant à petits pas et non à grandes enjambées qu’on parvient au but.» Tout le monde a une vie privée Le bureau UND, au nom duquel il s’exprime, promeut depuis plus de vingt-cinq ans la conciliation entre travail et famille. Il s’engage également pour l’égalité sur le plan individuel, professionnel et social, et il est considéré comme un centre de compétences majeur sur cette thématique au niveau suisse. Un catalogue définit les critères de conciliation. Aucune entreprise n’est parfaite, le KZU non plus. Mais cet EMS de l’Unterland zurichois répond déjà en grande partie aux conditions nécessaires pour concilier vie professionnelle et vie privée. Marianne Niederer, la responsable du développement du personnel, précise: «Ces dernières années par exemple, nous avons progressivement développé des possibilités permettant aux gens de travailler chez nous tout en étant proche aidants.» Pour Fabian Leuthold, du bureau UND, «la conciliation concerne tout le monde, parce que tout le monde a une vie privée. Elle doit donc aussi s’appliquer aux loisirs. Ce qui compte à nos yeux, c’est de permettre aux gens de mettre en pratique leur mode de vie. Qu’ils puissent vivre de la manière qui leur convient, qui leur correspond et qui leur permet d’être satisfaits et en bonne santé.» De fait, les conditions de travail propres à l’entreprise jouent également un rôle important dans l’équilibre entre vie professionnelle et privée. C’est également ce qu’a constaté André Müller au sein du KZU: «Il faut un salaire adapté. C’est déjà très important. Comme il nous est impossible, ici dans l’Unterland, d’offrir les mêmes salaires que dans les EMS de la ville de Zurich, la seule chose que nous pouvons faire est d’offrir à nos collaboratrices et collaborateurs des conditions et un lieu de travail attractif.» L’offre en matière de formation continue, tant interne qu’externe, y est ainsi particulièrement diversifiée. L’entreprise propose également des semaines de vacances supplémentaires, ainsi que des congés maternité et paternité qui vont au-delà du minimum légal. Le personnel bénéficie également de séances gratuites de physiothérapie au sein même de l’établissement. «Nous sommes bien plus généreux que d’autres entreprises sur ce point», précise encore André Müller. «Certes, contrairement à d’autres entreprises, la réduction des horaires de travail n’est pas à l’ordre du jour chez nous. Mais nous ne supprimons ni les pauses ni les indemnités pour travail de nuit.» Bien sûr, le KZU est là pour les personnes qui ont besoin de soins et d’accompagnement. «Mais notre personnel aussi a besoin de nous. Chaque membre de notre personnel compte et nous mettons tout en œuvre pour que l’interaction entre les personnes concernées, les cadres, les ressources humaines et l’entreprise soit la meilleure possible». Une question prioritaire Du côté du bureau UND, Fabian Leuthold a lui aussi constaté que l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée est devenu un sujet de société au fil des années. «Il est présent dans les médias et au niveau politique. Il y a davantage de débats autour de la thématique de la conciliation, davantage de mesures prises. Comme l’inscription du congé paternité dans la loi. Le fait que ce sujet fasse partie des priorités est également lié à des préoccupations sociopolitiques, au fait que les femmes constituent un «capital humain» essentiel dans tous les secteurs. Ignorer la conciliation est devenu impossible.» En fin de compte, comme le dit encore le spécialiste de la question, les entreprises qui favorisent la conciliation sont un «plus» pour la société dans son ensemble: «Ces entreprises peuvent contribuer à ce que notre société soit à la fois saine et fonctionnelle. À cela s’ajoutent encore pour elles des motivations financières: comme il y a moins de fluctuations, les coûts liés au recrutement de personnel diminuent. Il y a moins de jours de maladie parce que les gens sont en meilleure santé, ont moins de stress et moins de problèmes d’organisation, par exemple lorsque les enfants sont malades. Le personnel est plus heureux, et donc plus motivé, ce qui en fait un ambassadeur de l’entreprise pour laquelle il travaille. De plus, cela permet de conserver le savoir-faire au sein de l’entreprise. Enfin, la diversité apporte à l’entreprise une plus grande force d’innovation.» Comme le résume André Müller, du KZU: «Le fait que les gens aiment travailler chez nous prouve que nous avons choisi la bonne voie.» L’actu
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