ARTISET 01 I 2023 31 À la une «C’est avant tout pour cohabiter activement avec d’autres personnes et s’entraider que nous voulions vivre à la Huebergass» Lynn Frank, membre du comité de la WBG Huebergass Suisse: ils intègrent des aspects liés à l’environnement et à la politique sociale», constate Raphael Burkhalter. Cette évolution se confirme surtout dans la construction de logements d’utilité publique. Raphael Burkhalter souligne que la société Halter s’engage dans des projets innovants et prometteurs, et que la coopérative de développement «Wir sind Stadtgarten» a été fondée pour participer à l’élaboration de tels projets. Mais il ajoute que les biens immobiliers ne doivent pas rester en possession de «Wir sind Stadtgarten», d’où le soutien apporté au développement de coopératives telles que WBG Huebergass. «Ce sont en particulier les petites coopératives qui bénéficient le plus du savoir-faire d’une société de construction. Il leur serait très difficile de venir seules à bout de tels projets.» Le principe de l’autogestion immobilière, qui permet des loyers très avantageux, et la cohabitation au sein d’une communauté d’une grande mixité sociale, placent les sociétaires face à des défis importants. Ces personnes doivent être disposées à prendre des responsabilités et à s’engager en faveur du vivre-ensemble. La conception architecturale de la «Huebergass» avait volontairement pour objectif d’encourager la participation à la vie sociale et à l’intégration dans la communauté. L’aspect de l’environnement social aurait ainsi été «particulièrement chargé», selon les termes de l’expert en construction Raphael Burkhalter. Bien avant la livraison des appartements, la coopérative de développement «Wir sind Stadtgarten» a créé les premières structures nécessaires à l’autogestion et commencé à travailler en collaboration avec la nouvelle WBG Huebergass. Puis peu à peu, ce sont les sociétaires qui ont repris le développement des structures. Animer la cohabitation Quand les locataires ont emménagé, en avril 2021, les structures coopératives de la WBG Huebergass se composaient essentiellement d’un comité et d’une assemblée générale. Aujourd’hui, elles comptent plusieurs commissions, des groupes de travail et le «Hueberforum», une plateforme mensuelle via laquelle les locataires peuvent faire part de leurs préoccupations. Au sein de ces instances, les sociétaires s’acquittent des multiples tâches de gestion. L’animation de la vie communautaire joue également un rôle essentiel. Lynn Frank s’y consacre tout particulièrement en tant que membre du comité de la WBG et d’autres instances. «C’est avant tout pour cohabiter activement avec d’autres personnes et s’entraider que nous voulions vivre à la Huebergass», affirme-t-elle. Lynn Frank, assistante sociale, et son partenaire ont deux enfants en bas âge. Chacun d’eux a un emploi à temps partiel et s’engage pour la WBG pendant son temps libre. Selon elle, l’enjeu majeur pour la WBG est de réussir à intégrer dans la communauté les sous-locataires des logements des institutions sociales. Dans les premiers mois qui ont suivi la mise à disposition des appartements, cela n’a pas été facile du tout, malgré la sensibilité de la communauté pour les questions sociales. «Il a d’abord fallu que nous trouvions nos repères. Les nombreux espaces de rencontre peuvent aussi générer des conflits. Les relations avec les personnes des institutions sociales n’avaient pas non plus été définies clairement, ce qui a parfois entraîné des incertitudes.» Travail de médiation Elle explique que pour surmonter les obstacles, toutes les institutions sociales ont été invitées à présenter leur travail dans le cadre du «Huberforum», après quoi les sociétaires ont pu leur poser des questions. De plus, quand des conflits surviennent au quotidien, les membres du groupe de travail «Hueberkultur» remplissent une fonction d’arbitrage. Enfin, les institutions sociales, le groupe «Hueberkultur» et Lynn Frank en tant que représentante du comité se réunissent chaque semestre. «Au sein d’une communauté d’une telle diversité, la cohabitation ne coule pas de source et nécessite un travail de médiation.» Mais elle constate que désormais, cela fonctionne bien. «Comme pour l’ensemble des habitantes et habitants, il y a des sous-locataires qui s’identifient fortement à la Huebergass et qui participent aux activités et aux groupes de travail.» Lynn Frank attache une grande importance à la mixité sociale et à la diversité. Une enquête indiquera si le bilan est positif. Elle estime que le pourcentage de personnes dans la troisième phase de leur vie est (encore) plutôt faible, tout comme la proportion de personnes ayant impérativement besoin, malgré un travail à plein temps, d’un logement bon marché, mais qui manquent de temps et d’énergie pour s’engager en faveur de la communauté.
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