ARTISET 01 I 2023 41 Les propositions du Conseil fédéral à propos de la mise en œuvre du deuxième paquet de mesures de l’initiative sur les soins infirmiers: tenus d’appliquer certaines mesures pour améliorer les conditions de travail. Nous proposons différents modèles à cet effet. Une évaluation d’impact aussi simple que possible permettrait ensuite de vérifier l’efficacité des mesures. Et qui assurera le financement pour de meilleures conditions d’embauche une fois le financement initial arrivé à terme? DH – Pendant la durée du programme, nous recueillerons des données objectives afin de déterminer les mesures qui contribuent réellement à maintenir le personnel soignant plus longtemps dans la branche. Il s’agira ensuite d’augmenter les contributions AOS et le financement résiduel pour obtenir les montants nécessaires. Il est essentiel que les assureurs-maladie et les cantons apportent leur contribution. Outre la Confédération et les cantons, vous considérez que les fournisseurs de prestations ont aussi un devoir à remplir… ML – Sans fonds supplémentaires octroyés par la Confédération et les cantons, nous ne serons pas en mesure de relever les grands défis de demain. Néanmoins, nous devons aussi porter notre regard sur notre branche. Certains établissements affirment ne pas avoir de problèmes de personnel. Dans les conditions actuelles également, les employeurs ont la possibilité et la responsabilité de veiller à ce que les conditions soient les meilleures possibles. À quoi pensez-vous en particulier? ML – Il s’agit par exemple d’instaurer une bonne culture de travail. La direction de l’établissement a une grande responsabilité à cet égard. Il y a dix ans déjà, l’association de branche Curaviva a publié une brochure présentant des mesures que tout établissement peut mettre en œuvre. Il est également essentiel d’élaborer une stratégie axée sur l’avenir pour l’ensemble de l’entreprise. Les établissements gérés de manière moderne sont plus à même d’attirer du personnel et de le garder. DH – Notre branche doit assumer ses tâches en ce qui concerne la culture d’entreprise ou l’organisation du travail. Nous n’avons toutefois pas encore résolu le problème de la pénurie de personnel. Les gens ne changent pas simplement d’établissement mais quittent le secteur, par exemple en raison d’une charge de travail trop lourde ou d’un manque de repos. Si l’on souhaite changer ces choses, davantage de fonds sont nécessaires. Inciter les assureurs et les cantons à augmenter leurs contributions dans le cadre du financement ordinaire risque d’être un énorme défi, non? ML – Si nous ne faisons rien, de nombreux établissements seront contraints de réduire leur nombre de lits à l’avenir. Qu’adviendra-t-il alors des nombreuses personnes très âgées qui ont besoin d’un accompagnement et de soins professionnels? DH – Nous y parviendrons si la population prend davantage conscience que nous devons vraiment faire quelque chose. Mais nous n’y arriverons pas si la priorité absolue est d’empêcher la hausse des primes. En raison de l’évolution démographique, les soins de longue durée connaîtront une forte croissance. Ne sacrifions pas les personnes âgées au prétexte que les coûts de la santé ne doivent pas augmenter dans ce domaine. * Daniel Höchli est le directeur de la fédération Artiset avec ses associations de branche Curaviva, Insos et Youvita. * Markus Leser est consultant senior de l’association de branche Curaviva (voir encadré). UN THÈME IMPORTANT AUSSI POUR LE DOMAINE SOCIAL Artiset plaide en faveur d’une extension du programme d’encouragement (voir entretien) aux fournisseurs de prestations dans le domaine social. «Dans le domaine de l’accompagnement de longue durée également, la question d’une rémunération appropriée des prestations fournies et des conditions de travail adaptées aux nécessités se pose de plus en plus», peut-on lire dans un communiqué, de même que: «Les enseignements nécessaires peuvent à présent être tirés de la situation difficile que connaît actuellement le domaine des soins infirmiers afin d’éviter une évolution similaire dans le secteur social.» Sans mesures correctives, la pénurie de personnel qualifié s’accentuera aussi dans ce secteur, d’autant plus que les soins et l’accompagnement, qui font partie d’un système de santé global axé sur les besoins, ne peuvent plus être clairement dissociés. L’actu
RkJQdWJsaXNoZXIy MTY2NjEzOQ==