48 ARTISET 01 I 2023 affirment faire du partenariat (systématiquement ou occasionnellement), mais qu’à peine 45% des patientes et des patients le perçoivent. L’asymétrie est donc manifeste! Quelle serait donc la solution? Il est essentiel d’élaborer une stratégie. Pour rétablir cette asymétrie, il est nécessaire de déployer un dispositif de formation pour avoir une culture et un langage communs, et mettre à disposition des outils concrets comme le projet de soins anticipé. Le constat est le suivant: au sein du réseau, tout le monde ne parle pas de la même chose. Il faudrait inverser cette tendance. Dans certains établissements médico-sociaux de mon réseau, on va très loin dans le partenariat en co-construisant un projet d’accompagnement avec la personne hébergée et ses proches. Mais le projet de soins est élaboré essentiellement par le médecin. Dans tous les secteurs de l’institution comme la cuisine, la lingerie ou encore l’animation, le partenariat existe mais dans les soins, le dialogue n’est presque pas possible. Actuellement, plus de 80 personnes sont formées au ProSA dans le canton. Nous sommes donc au début d’une nouvelle ère mais le déploiement est difficile: dans certains secteurs, le personnel ne parvient pas encore à intégrer ce partenariat dans sa pratique professionnelle, faute de temps. Et quel est l’impact du pouvoir d’agir sur la qualité de l’accompagnement? Quand les personnes ont la possibilité d’exprimer ce qu’elles souhaitent, la qualité est indiscutablement meilleure. Cette qualité ne se mesure pas avec des indicateurs biomédicaux, mais simplement par des indicateurs de satisfaction. Vous êtes également très engagé dans la promotion du dossier électronique du patient (DEP). Est-ce un autre exemple concret de l’autodétermination? Effectivement. Le propriétaire et gestionnaire du DEP est le patient luimême! Ordonnances, rapports de sortie de l’hôpital, résultats de laboratoire peuvent être déposés dans le DEP par le personnel de santé. Les personnes concernées elles-mêmes peuvent aussi y introduire certains documents comme leurs directives anticipées. Je précise que la personne restera toujours propriétaire de sonDEP et des données qu’il contient et peut décider pour chaque document de son dossier qui peut y accéder. «Le partenariat de soins: une évidence écosystémique! Le cas du Réseau Santé Région Lausanne»: c’est le titre de votre thèse en management de la santé. Pouvez-vous nous en dire quelques mots? Je vois le système régional de santé comme un écosystème d’affaires qui doit évidemment prendre en compte le besoin de ses clientes et clients. Dans le cadre de ma thèse, j’ai suivi en mode recherche-intervention l’introduction du projet de soins anticipé au sein du Réseau Santé Région Lausanne, et mené deux enquêtes par questionnaires auprès des acteurs régionaux afin de connaître leurs positions et attentes sur le partenariat de soins. Mes résultats me permettent de proposer aux instances politiques, aux responsables des institutions de santé ainsi qu’à tout le personnel de la santé, des arguments et recommandations pour inclure le partenariat dans leurs stratégies respectives. Ou mieux: pour élaborer une stratégie commune en la matière. Sans oublier d’y associer les patients et les patientes ainsi que leurs proches. * Philippe Anhorn est directeur du Réseau Santé Région Lausanne. À ce titre il est intervenu dans le cadre de la rencontre romande de Curaviva début novembre, intitulée «Le réseau dans tous ses états» et portant, notamment, sur la collaboration et le partenariat avec les bénéficiaires. «95% des personnels soignants affirment faire du partenariat, mais à peine 45% des patientes et des patients le perçoivent.» Philippe Anhorn L’actu
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