ARTISET 01 I 2023 53 colloques. Et puis, il y a des EMS où la collaboration fonctionne très bien: le personnel soignant et les spécialistes en activation documentent ensemble leurs prestations, se fixent un objectif commun et assistent régulièrement aux colloques. Il y a même des EMS où l’activation est délibérément représentée dans la direction. Est-il important que les soins infirmiers et l’activation soient à pied d’égalité? Oui, tout à fait. Ce serait également une bonne chose que nous puissions assister davantage aux entretiens d’admission ou avec les proches. Ces derniers peuvent être soulagés à l’idée de savoir que leur mère ou leur père bénéficiera de soutien pour organiser son quotidien. De plus, une telle relation pourrait aussi être utile pour apporter un soutien ciblé aux proches ayant des questions ou des soucis concernant la prise en charge. Quels sont les autres champs d’intervention des spécialistes en activation, notamment en dehors des EMS? Les spécialistes en activation travaillent par exemple aussi dans des hôpitaux gériatriques, en psychiatrie, dans des cliniques de réadaptation et dans des institutions pour personnes en situation de handicap. En outre, de plus en plus de spécialistes en activation se mettent à leur compte et conçoivent des offres pour les personnes ayant besoin de soutien à domicile. C’est pourquoi nous attendons avec impatience le projet de loi «Prestations complémentaires pour les personnes âgées en logement protégé». Vous considérez donc que dans le domaine des soins et de l’accompagnement, de plus en plus tourné vers l’environnement social, il y a un champ d’intervention pour les spécialistes en activation? Dans l’environnement social par exemple, ces spécialistes peuvent concevoir toute une série d’offres adaptées aux besoins des seniors, allant des activités physiques douces aux cafés-récits. Mais l’accompagnement des personnes à domicile est aussi important: les personnes âgées ont tendance à se mettre en retrait et il faut les encourager à prendre part à la vie sociale. Cela peut aussi soulager les proches. Notamment dans l’environnement social, la collaboration interprofessionnelle est nécessaire… Les spécialistes en activation collaborent avec beaucoup de groupes professionnels et de bénévoles, y compris dans le domaine du travail social. Les travailleuses et travailleurs sociaux peuvent profiter de nos connaissances spécifiques sur la démence, par exemple, ou sur les différentes façon d’amener les personnes à prendre part à des activités. Les spécialistes en activation peuvent réellement contribuer à ouvrir les EMS sur l’environnement social. Il faut pour cela disposer d’une marge de manœuvre adéquate et développer ce champ d’activité d’égal à égal avec le personnel soignant. * Manuela Röker, spécialiste en activation dipl. ES et MAS Palliative Care, est co-présidente de l’association suisse des spécialistes en activation. Après avoir travaillé comme spécialiste en activation dans des EMS, elle enseigne actuellement l’activation et les soins palliatifs. «Si l’on considère la santé dans sa globalité, les spécialistes en activation peuvent considérablement contribuer à ce que les personnes se sentent en bonne santé.» Manuela Röker ACTIVATION OU ANIMATION? La première filière pour l’obtention du diplôme de spécialiste en activation ES a été ouverte en 2008 dans les écoles supérieures de Suisse alémanique et en 2010 au Tessin. Ce profil, issu du courant de l’ergothérapie, centre ses activités sur le maintien, la promotion et la réactivation des ressources et des compétences physiques, cognitives, sociales et émotionnelles au moyen d’activités artisanales et de loisir. S’il s’agit d’une figure bien connue dans les EMS outre-Sarine et au Tessin, le terme «activation» est inconnu en Suisse romande et la formation de spécialiste en activation n’y existe pas. En Suisse romande, les activités du champ professionnel étudié sont regroupées sous les termes «animation» et «animation socioculturelle». (Lire l’article «Accompagner les activités du quotidien», publié dans le magazine Artiset, édition 2/2022, page 45)
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