ARTISET 01 I 2024 29 «Il est important de collecter les informations qui aideront l’adulte à retrouver les traces de son enfance et, ainsi, à forger son identité de manière éclairée.» Mireille Chervaz Dramé, présidente de l’association Port d’Attache d’origine. «C’est un autre outil très puissant que nous utilisons beaucoup.» Des outils individualisés Ce travail approfondi de biographie, entrepris par Caritas Placement Familles avec les enfants, présente des défis plus complexes lorsqu’il s’agit d’adolescentes ou d’adolescents. «Les jeunes ne restent que peu de temps en famille d’accueil avant d’aller en foyer», confirme Barbara Kaiser. C’est le cas du Foyer APAC de la Fondation La Rambarde, un accueil en foyer d’adolescents à moyen terme. Ce lieu accueille une dizaine d’adolescentes et d’adolescents âgés entre 16 et 18 ans logés dans deux appartements et trois studios en ville de Lausanne. «Ils sont hébergés sur une durée moyenne de neuf mois», explique Marie Calame, éducatrice et responsable d’unité des appartements d’accueil. Dans ce contexte, les méthodes diffèrent de celles utilisées pour les enfants et se réfèrent à l’approche systémique. «Nous utilisons des supports qui nous permettent de réfléchir avec eux et leur famille sur leur histoire en vue de la suite, et individualisons les outils en fonction des personnes.» Lorsqu’un jeune arrive au Foyer APAC, l’équipe éducative reçoit de la part des services sociaux un descriptif basé sur certains événements de son histoire, une base essentielle mais insuffisante en soi. «Nous préférons partir de la manière dont les familles se racontent leur parcours en utilisant, par exemple, la ligne du temps, explique Marie Calame. Grâce à cet outil, les jeunes et leur famille peuvent revisiter leur histoire, identifier les schémas récurrents et/ou mettre l’accent sur leurs réussites, énumère-t-elle. Nous nous concentrons davantage sur leurs ressources que sur les problèmes, car c’est cela qui les aidera à avancer.» Marie Calame partage l’exemple d’une jeune fille de 17 ans qui éprouvait une grande souffrance liée à son identité sexuelle et pensait qu’elle ne pouvait pas être comprise par ses parents. «En examinant son parcours de vie, nous avons mis l’accent sur les facteurs qui généraient sa souffrance, réalisant qu’elle ressentait une grande pression de sa famille, de l’école mais qu’elle se mettait surtout elle-même. Nous avons utilisé la carte des pressions, réfléchissant avec elle aux différentes pressions sur lesquelles elle pouvait avoir prise.» La jeune fille a trouvé le moyen de communiquer avec ses parents et la pression s’est dissipée plus rapidement qu’elle ne l’imaginait. Elle a notamment créé un cahier dans lequel elle collait une phrase ou une image qui correspondaient aux moments clés où elle prenait soin d’elle. Elle a gagné confiance en elle-même, au foyer, à l’école et avec sa famille. Selon Marie Calame, les outils permettent aux jeunes de prendre du recul par rapport aux récits qu’ils ont entendus de manière répétée et de modifier leurs récits. «Nous ne nous limitons pas aux premières impressions que nous recevons. Nous nous efforçons d’explorer avec les jeunes et leur famille des éléments de leur passé qui pourront leur être utiles dans le présent ou dans le futur.» L’importance de préserver et reconstruire l’identité des enfants confiés en famille d’accueil ou dans des institutions spécialisées se révèle cruciale tout au long de leur vie. Les outils tels que l’album de vie et d’autres approches individualisées jouent un rôle fondamental dans cette démarche. À la une
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