Vivre et construire son identité |Magazine ARTISET | 1-2024

ARTISET 01 I 2024 39 affichés n’indiquent pas à partir de quand il y a une différence significative» et parce que cela demanderait des analyses statistiques plus poussées. Or, seule une «différence significative» indique la présence potentielle d’un problème, sans oublier que les données traitées dans le rapport datent de 2021. Il se peut que les valeurs des EMS soient aujourd’hui différentes. «Mais pourquoi tirer des conclusions sur la qualité actuelle qui reposent sur des données remontant à deux ans?», fait remarquer Franziska Zúñiga. Il convient en outre de tenir compte du fait que dans le rapport qui vient d’être publié, les EMS peuvent consulter leurs données pour la première fois en comparaison publique. Selon la scientifique, l’évolution des données doit être suivie sur plusieurs années pour qu’il soit possible d’apprécier les données des différents EMS et de tirer des conclusions quant à leur qualité. «Si un établissement est supérieur ou inférieur à la moyenne pendant plusieurs années, cela permet de formuler des affirmations plus concrètes.» Les chiffres publiés montrent tout d’abord simplement, comme Franziska Zúñiga le souligne, que les valeurs d’une institution peuvent être supérieures ou inférieures à celles d’une autre institution ou à la moyenne du canton concerné. «Mais l’interprétation détaillée de ces valeurs passe par des échanges et par leur analyse approfondie.» Il faut aussi tenir compte du fait que les indicateurs reflètent des aspects spécifiques de la qualité des prestations, mais pas la qualité globale d’une institution. La spécialiste en sciences infirmières explique que le rapport ne constitue que la «première étape du voyage». «Il faut maintenant que les EMS, mais aussi les cantons et les associations cantonales, regardent calmement les données et se demandent où ils se situent dans la comparaison et dans quels domaines ils veulent travailler sur leur qualité.» Car même si les chiffres ne permettent pas de tirer des conclusions claires, cela vaut la peine de les analyser. «Si une institution se situe nettement au-dessus de la moyenne cantonale pour un indicateur, il est sûrement judicieux qu’elle interroge ses propres données et cherche des explications.» Identifier des exemples de bonnes pratiques Dans le cadre de leur mandat de surveillance, les cantons pourraient par exemple se joindre aux institutions et discuter des données avec elles, en faisant appel à des spécialistes de la qualité, «mais sans procéder en aucun cas à des accusations». Le but de ces échanges doit être d’expliquer les données. «Il se peut que des exemples de bonnes pratiques soient identifiés et servent d’enseignements aux autres.» Ces échanges pourraient en outre mettre en lumière les thèmes à aborder au niveau cantonal. Franziska Zúñiga mentionne par exemple le thème de la polymédication. Comme les EMS collaborent parfois avec beaucoup de médecins de famille, qui sont responsables de la prescription de médicaments, ils ne peuvent influencer cet indicateur que de façon limitée. Les institutions doivent maintenant observer les valeurs de chaque indicateur en comparaison cantonale et rechercher des explications ainsi que des possibilités d’amélioration. On pourrait par exemple poser la question suivante: «Pouvons-nous dire, pour chaque situation de douleur, ce qui a conduit à cette évaluation élevée et quelles sont les autres options thérapeutiques?» Pour un processus d’amélioration continu, il est déterminant que les institutions aient rapidement accès à leurs données actuelles, comme le permettent de nombreux instruments d’évaluation, et qu’elles puissent toujours mieux les analyser et les interpréter. La scientifique conseille d’adopter une démarche proactive dans la communication relative aux indicateurs avec les résident·es et les proches. «Les établissements peuvent par exemple organiser une séance d’information pour expliquer le but de la publication, commenter leurs données spécifiques et préciser où ils entrevoient des possibilités d’amélioration. «L’idée de base des indicateurs est d’améliorer la qualité à partir des données.» Une phrase que la spécialiste en sciences infirmières répète à plusieurs reprises lors de l’entretien. C’est ici qu’intervient le programme national de mise en application NIP-Q-Upgrade, que la Commission fédérale pour la qualité a confié à la fédération Artiset, avec l’association de branche Curaviva, et à Senesuisse. Le principal objectif de ce programme est de soutenir les EMS dans la mise en œuvre de l’amélioration de la qualité. «Si une institution se situe bien au-dessus de la moyenne cantonale pour un indicateur, il est sûrement judicieux qu’elle interroge ses propres données et cherche des explications.» Franziska Zúñiga, professeure à l’Institut pour les sciences infirmières de l’Université de Bâle VERS LE RAPPORT DE L’OFSP L’actu

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