Vivre et construire son identité |Magazine ARTISET | 1-2024

ARTISET 01 I 2024 41 L’actu traditionnelle de l’EMS perdurera. Le modèle EMS est bien sûr appelé à se transformer, s’adapter et évoluer, mais il ne disparaîtra pas. Outre le vieillissement démographique, la pénurie de maind’œuvre parlerait aussi en faveur d’une ouverture de l’EMS vers son environnement social. Certainement, mais par le biais de structures intermédiaires et pour autant que les conditions cadres soient réunies pour que le personnel de l’EMS puisse aussi travailler dans ces structures de proximité. Car c’est bien là l’intérêt: on sait que le stationnaire est plus efficient et efficace que l’ambulatoire, justement parce que le personnel n’a pas de longs trajets à parcourir entre chaque personne prise en charge. Je pense également que l’EMS va évoluer dans les façons de travailler, pour améliorer la qualité de vie des personnes âgées, avant tout dans sa dimension sociale, et pour moderniser et rendre les métiers en EMS encore plus attractifs. Qu’est-ce qui va changer dans les façons de travailler? Actuellement, le changement viendra notamment des technologies d’assistance et de la robotique pour soutenir le travail. Le personnel, et surtout le personnel soignant, effectue de nombreuses tâches sans valeur humaine ajoutée, au détriment des interactions sociales avec les résidentes et résidents. Quelques EMS expérimentent actuellement des robots de manutention, capables d’aller chercher en toute autonomie des draps, des médicaments et d’autres objets. Dans un monde rêvé, on peut aussi imaginer un portable intelligent qui identifie les actes et les documente automatiquement! Ce faisant, les professionnels pourront consacrer davantage de temps à la personne. Se pose aussi la question du financement du travail relationnel. Diverses études relèvent l’importance des relations sociales sur la qualité de vie et suggèrent dès lors de renforcer la professionnalisation de cet accompagnement social. Comment Curaviva entend-elle aider les EMS à se préparer au changement démographique? L’association de branche s’est toujours engagée afin de défendre les intérêts des institutions pour personnes âgées et faire entendre leur voix. Pour ce faire, elle est active sur divers thèmes et dossiers. La digitalisation en est un. Les conditions cadres, la qualité des soins, les soins centrés sur la personne ou encore les soins intégrés en lien avec le modèle de soins et d’habitat 2030 en sont d’autres. Mais les principaux enjeux se situent certainement dans le financement du domaine de la santé et nous aurons là un rôle majeur à jouer, que ce soit au niveau de l’association de branche ou de la fédération Artiset. Vous faites allusion au financement uniforme des prestations ambulatoires et stationnaires EFAS? Oui, c’est clairement le principal dossier politique sur lequel nous travaillons. C’est une réforme essentielle de la politique de la santé. Le financement uniforme des prestations de soins ambulatoires et stationnaires, avec une nouvelle répartition des coûts entre cantons et assureurs maladie, favorisera les transitions entre l’ambulatoire et le stationnaire et permettra ainsi aux personnes d’envisager des allers-retours entre les différentes structures en fonction de leurs besoins. La réforme souligne l’importance des soins et nous donne une autre position dans les négociations. Cela parle clairement en faveur des soins intégrés. Quels sont les axes stratégiques définis pour la branche par Curaviva pour les années à venir? Les axes stratégiques seront définis dans le cadre d’un processus participatif. Nous souhaitons consulter les membres à propos de leurs besoins et, sur cette base, décider des orientations et formuler une stratégie. En février, nous avons rencontré les membres collectifs, c’està-dire les associations cantonales des institutions pour personnes âgées. En été, nous approcherons les membres individuels pour les interroger sur leurs attentes en termes de prestations. L’objectif est que nous puissions nous déterminer sur une stratégie avec un catalogue de prestations en septembre. Nous visons une stratégie suffisamment ouverte pour pouvoir anticiper et intégrer les développements futurs. Le coup d’envoi de ce processus participatif a été donné le 28 février dernier à Berne. Qu’en est-il ressorti? Lors de ce premier atelier stratégique, nous avons posé deux questions à nos membres: quels sont pour vous les thèmes importants pour les huit «Le financement du domaine de la santé constitue certainement le plus grand défi et nous aurons là un rôle majeur à jouer, que ce soit au niveau de l’association ou de la fédération Artiset.» Christina Zweifel

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