ARTISET 01 I 2024 9 À la une «On n’est pas seul maître de qui l’on est!» L’identité d’une personne ne se limite pas aux informations figurant sur ses papiers d’identité. C’est une notion complexe, paradoxale et multiple. Elle varie au fil de l’histoire, elle évolue au cours de la vie des individus, elle se construit entre ressources personnelles, environnement social, représentations normatives. Éclairage de Dario Spini*, professeur à la Faculté des sciences sociales et politiques à l’Université de Lausanne. Propos recueillis par Anne-Marie Nicole Comment définiriez-vous la notion d’identité? Je pourrais dire que l’identité est simplement la réponse à la question «qui suis-je?». Mais l’identité est effectivement une notion plus complexe dont la construction est propre à chaque individu. Elle réunit des caractéristiques personnelles intérieures, psychiques et physiques, qui ressortent de la mémoire autobiographique: d’où je viens, qui je suis, quelles sont mes motivations, mes activités, mes projections dans le futur. Entrent également en considération les objets, par exemple ma voiture ou mes vêtements, si je considère qu’ils font partie de moi. S’ajoute aussi le soi spirituel, qui sont les croyances, les convictions et les valeurs. Et que dire de la composante sociale de l’identité? Naturellement, l’identité se négocie avec l’environnement social de l’individu, dans les relations interpersonnelles entre et au sein de groupes de personnes, comme la famille, le travail, le club de sport, l’institution, etc. Les caractéristiques de l’identité qui sont perçues intérieurement par la personne elle-même, comme la façon de s’exprimer, l’apparence physique ou l’activité professionnelle, sont aussi perçues de l’extérieur. L’image que nous donnons de nous-mêmes et celle que nous renvoient les gens participent de la construction de notre identité. On n‘est pas seul maître de qui l’on est! Il y a beaucoup d’aspects de notre identité qui sont en interaction avec les autres. En conflit aussi? En cas d’identités différentes, il arrive en effet qu’on entre en conflit, sans même se connaître personnellement. L’identité se joue à divers niveaux, qui vont de soi à soi, de soi aux autres, de soi vers un monde où les relations de pouvoir, d’autorité, de collaboration
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