La direction participative | Magazine ARTISET | 6 2022
ARTISET 02 I 2022 9 gnifie que tout le monde doit s’impli- quer davantage et qu’il faut davantage de concertation, ce qui prend finale- ment aussi plus de temps. De même, tout le monde est désormais beaucoup plus sollicité lors des réunions d’équipe mensuelles de deux heures. Mais, pré- cise-t-elle avec un grand sourire, en contrepartie, elle a aussi la possibilité de partager davantage ses propres idées et de développer plus de créativité pour tester de nouvelles manières de faire. Il faut aimer, précise-t-elle, réfléchir avec les autres et s’intégrer dans des struc- tures qui ne sont pas figées. Flexibilité au quotidien Pour l’instant, seul le retour d’informa- tion direct permet de mesurer la satis- faction générale. Zoran Nacev, l’un des deux concepteurs de la nouvelle orga- nisation, affirme quant à lui que le taux de fluctuation est resté stable ces deux dernières années, en dépit de la crise liée au coronavirus. «Dans le même temps, nous avons pu ouvrir deux nou- veaux groupes de résidences médicali- sées décentralisées avec 47 nouveaux collaborateur·trices; c’est révélateur.» La nouvelle structure organisationnelle permet de briser d’un coup les an- ciennes structures rigides. Les horaires de travail, par exemple, ne sont plus gravés dans le marbre, il y a beaucoup plus de souplesse. Comme le fait re- marquer Zoran Nacev, «nous avons pu observer que cela permet de réduire le sentiment d’impuissance vécu au fil des ans. Et de retrouver davantage de flexi- bilité et d’autonomie dans son emploi du temps.» Du temps peut ainsi être dégagé pour des activités supplémen- taires dans un quotidien très animé. Les six premiers mois de la phase de test ont montré à quel point ces chan- gements sont bénéfiques pour les per- sonnes âgées: elles apprécient particu- lièrement de participer à l’organisation de leur journée. Et de nombreux membres du personnel sont également heureux d’avoir à commencer tôt le matin moins souvent et de pouvoir tra- vailler davantage en équipe. «L’organi- sation du quotidien est ainsi normali- sée et laisse une marge de manœuvre pour la nouveauté», souligne encore Zoran Nacev. Pour lui, l’intérêt d’un tel changement l’emporte largement sur le temps qu’il prend à s’implanter: «De- puis que le personnel s’implique plus activement et contribue à donner un sens au quotidien, j’observe que les gens s’investissent davantage, prennent des responsabilités et contribuent à une réelle collaboration.» «Juste sortir, mais au vert!» Après la séance, la coach Karolina Ni- coud et la responsable du jour Claudia Schlumpf se réunissent avec l’une des résidentes, Rosmarie Gisler, et Tomaso Sorrentino, membre de la protection civile, autour d’une petite table devant la maison: le droit de parole s’applique à l’ensemble de l’établissement, y com- pris les résident·es. Ce que Rosmarie Gisler, 86 ans, apprécie. Elle vit depuis cinq ans dans la maison Zunacher 1 et participe volontiers aux prises de déci- sion à propos des petits biscuits qui seront confectionnés à Noël, ou sur ce qu’elle aimerait faire pendant la se- maine «bien-être». Sans hésitation, et souriant au civiliste Tomaso Sorrentino, elle affirme: «Juste sortir, n’importe où, mais au vert.» Une excursion au bord du lac lui plairait bien, peut-être même jusqu’à l’abbaye d’Einsiedeln, peu im- porte, l’essentiel est d’être dehors. To- maso Sorrentino est toujours dispo- nible pour des changements de plans spontanés. Même pour une balade imprévue comme ce jour-là, où il em- mène Rosmarie Gisler à travers le parc. L’ambiance est bonne dans toute la maison et la nouvelle organisation semble fonctionner. On peut par conséquent considérer que tout va pour le mieux? Bart Staring, directeur des soins et également coconcepteur de la nouvelle organisation, est en tout cas satisfait. Même s’il admet qu’il reste de nombreux points en suspens, comme la question de savoir comment accom- pagner à l’avenir les membres du per- sonnel qui souhaitent évoluer sur le plan professionnel. Mais «l’agilité ren- force la motivation intrinsèque et laisse la place à des valeurs porteuses de sens, même sans gravir les échelons». La communication et la résolution des conflits sont des «thématiques récur- rentes», qui resteront des priorités à l’avenir. «Trouver ensemble des solu- tions créatives à ces questions sera in- téressant pour tout le monde.» La coach Karolina Nicoud est opti- miste. Et fière de son équipe. Elle est heureuse de constater que des collabo- ratrices et collaborateurs de longue date ont également redéfini de manière constructive leur rôle et leur mission dans la nouvelle organisation. «Je ne voudrais pour rien au monde revenir en arrière.» Découvrez dans une brève histoire illustrée en ligne ce qui peut spontané- ment émerger d’une réunion Kanban.
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