12 ARTISET 02 I 2023 soutien. L’évolution démographique et sociale soulève aussi de nouvelles questions, notamment sur des thèmes comme la vieillesse et le handicap ou la vieillesse et la toxicomanie. Cela fait quinze ans que vous faites de la recherche sur l’innovation dans le travail social. Un résultat vous a-t-il surprise? Pas vraiment surprise. Mais plutôt interpellée de voir qu’un processus d’innovation dans lequel beaucoup d’argent a été investi pouvait déboucher sur un résultat très modeste. Non pas en raison du manque de bonnes idées à la base ou de l’absence de connaissances techniques, mais d’une collaboration mal choisie, du peu d’importance accordée à l’impact de l’innovation ou d’un blocage dû à des directives administratives. Faut-il donc un programme d’encouragement pour le développement de prestations dans les domaines du social et de la santé? Oui, il faut de l’argent pour soutenir le développement dans les domaines du social et de la santé. Des investissements et un «capital-risque» sont indispensables, car développer signifie peutêtre aussi échouer. Le booster d’innovation «Co-Designing Human Services» est un coup de pouce dans ce sens. Les organisations des domaines du travail social et de la santé ainsi que la collaboration avec les utilisatrices et utilisateurs des services sociaux recèlent un grand potentiel de développement, et ce serait dommage que ce développement n’ait pas les moyens de se réaliser. Est-il utile d’intégrer ces connaissances aux formations des domaines du travail social? Tout à fait. La compétence d’innovation est importante et mérite qu’on s’interroge: comment, à partir de ses études, s’impliquer activement dans le développement du travail social? Il s’agit ici de coopérer dans des projets, mais aussi d’enrichir l’interface entre science et pratique. C’est notamment une compétence enseignée lors du cursus de master. Il s’agit pour le travail social d’utiliser les connaissances issues de la recherche, de la pratique et des expériences des personnes concernées pour se réinventer. Il est très important de créer de bonnes bases pour des développements inédits: bien démarrer une bonne idée, la communiquer à temps et réfléchir aux personnes qui soutiennent le projet, mais aussi à celles qui pourraient le saborder. Quels problèmes nous préoccuperont tout particulièrement à l’avenir? Le travail social s’est de tout temps intéressé aux inégalités sociales. Demain encore, des questions ayant trait à la précarité, à l’accès au travail et à l’activité lucrative ainsi qu’à une bonne couverture sociale nous préoccuperont. Nous avons aussi déjà évoqué le besoin important de développement face aux changements sociétaux et aux problèmes sociaux liés au vieillissement démographique. La coordination des services spécialisés déjà existants dans les domaines du social et de la santé est un autre sujet de préoccupation, en particulier les prestations et services intégrés. Pour finir, des besoins et opportunités de développement peuvent aussi naître des dernières découvertes de la recherche, permettant d’aborder des problématiques sociales de manière plus précise et efficace. Quel message aimeriez-vous transmettre aux professionnel·les du domaine du travail social? Faites votre place, réfléchissez avec audace, unissez vos forces! Regrouper les ressources permet un meilleur effet de levier pour les changements et les évolutions. Il ne faut pas toujours réinventer la roue; on peut aussi reprendre une innovation, l’adapter et apprendre mutuellement. Les professionnel·les, les bénéficiaires, les citoyen·nes et les chercheur·euses devraient s’unir et déterminer ensemble ce qui est nécessaire et possible. Le travail social a encore un grand potentiel d’innovation. * Prof. Anne Parpan-Blaser, docteure en sciences sociales, enseigne à l’Institut d’intégration et de participation de la Haute école de travail social du nord-ouest de la Suisse. Elle s’engage au sein du Management Board de l’Innovation Booster de l’Association suisse pour la promotion de l’innovation sociale. «Les organisations des domaines du travail social et de la santé présentent un grand potentiel de développement, et ce serait dommage qu’il n’ait pas les moyens de se réaliser.» ➞ innovationsociale.ch
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