ARTISET 02 I 2023 27 Innovation sociale, insertion socioprofessionnelle et développement durable: tels sont les trois piliers du projet social Tourbillon, dans le canton de Genève, dont le but est de mutualiser les ressources d’une dizaine d’institutions sociales réunies sur un même site. Un bel exemple de cette mutualisation: la Blanchisserie Tourbillon. Anne-Marie Nicole N’entre pas qui veut dans la Blanchisserie Tourbillon! Et pour cause: toute l’architecture du lieu est pensée pour prévenir les contaminations bactériologiques et garantir une hygiène irréprochable à toutes les étapes du traitement du linge. Après avoir soigneusement désinfecté ses mains et enfilé une blouse blanche, la visite peut commencer. Elle suit le circuit du linge, d’abord dans la zone sale dédiée au tri et au nettoyage du linge sale, puis dans la zone propre où le linge est lavé, repassé et plié. Selon le principe de la «blanchisserie barrière», les deux espaces sont strictement séparés, afin d’éviter tout contact entre le linge sale, qui peut être infectieux, et le linge propre. Ainsi, de grosses machines à laver d’une capacité de quinze à cinquante kilos chacune séparent les deux espaces, permettant le chargement du linge sale d’un côté, et le déchargement du linge propre de l’autre. Et s’il reste des taches, c’est retour à la case départ! Mais attention, pas n’importe comment, explique Jean-Philippe Beaufrère, le directeur de la Blanchisserie Tourbillon et notre guide du jour: «Le linge ne revient jamais en arrière dans le circuit. Il faut toujours respecter la marche en avant. Il ne doit pas y avoir de va-et-vient des personnes entre les deux zones.» La blanchisserie emploie plus de cinquante collaboratrices et collaborateurs, en majorité des personnes en emploi adapté ou en emploi de solidarité, exclues du marché du travail en raison de handicaps ou de troubles divers, ainsi que des personnes salariées et des apprenti·es. Chaque jour, une quarantaine de personnes travaillent à la blanchisserie. L’entreprise compte également quatre personnes à l’administration, deux chauffeurs et deux aides-livreurs. Les personnes en situation de handicap qui occupent un emploi adapté requièrent un accompagnement socio-professionnel important. «Leur niveau de production et de compréhension est très variable», reconnaît Jean-Philippe Beaufrère. «Certaines personnes vont pouvoir évoluer d’un poste à l’autre en quelques mois, d’autres poursuivront les tâches initialement confiées.» Au rez-de-chaussée, un pressing est dédié à la clientèle privée. L’infrastructure s’étend sur une surface de 1500 mètres carrés aménagés au troisième étage d’un bâtiment flambant neuf. L’espace est généreux et baigné par la lumière du jour qui crée une atmosphère chaleureuse. L’ambiance est étonnement calme et détendue. «La plupart des personnes qui travaillent ici sont souvent plus sensibles au bruit et à la promiscuité», fait remarquer le directeur. «Nous veillons donc à leur garantir un environnement de travail sain, confortable et rassurant.» Les choix technologiques qui ont été faits, à la fois pour répondre aux exigences de qualité de l’activité, mais aussi pour réduire l’empreinte écologique permettent, entre autres, de recycler 80% de l’eau de rinçage et de récupérer la chaleur des séchoirs pour couvrir les besoins thermiques du bâtiment. Un nouveau pôle social et solidaire Avec la Renfile, l’une des plus grandes brocantes caritatives de Suisse du Centre social protestant, située dans les étages inférieurs de ce même bâtiment, la blanchisserie a été la première à investir les lieux, en août 2021. Cette arrivée a marqué une étape importante d’un projet social initié en 2017, sous la houlette de la Fondation immobilière pour
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