Développer et mettre en place des innovations

ARTISET 02 I 2023 9 adhésion. Ainsi, les prestataires signent un contrat à durée indéterminée et versent une contribution mensuelle raisonnable calculée en fonction du nombre de lits. En contrepartie, une personne experte en soins infirmiers leur est attribuée comme interlocutrice principale. Son rôle est notamment de réaliser une analyse des besoins, d’élaborer un vaste catalogue de recommandations et d’en extraire trois ou quatre priorités, «qui génèrent le plus grand bénéfice possible pour un investissement acceptable». La cotisation de membre comprend toute une série de prestations, et les heures supplémentaires sont calculées en fonction du temps passé. Selon Suleika Kummer, l’affiliation permet de mettre en œuvre régulièrement des mesures, d’évaluer leur impact et d’examiner avec les responsables s’il en résulte une véritable plus-value. Le succès ne vient pas tout de suite C’est une idée commerciale séduisante, qui n’existe encore nulle part sous cette forme, ni en Suisse, ni ailleurs. Pour élaborer le modèle d’affaires, Suleika Kummer a pu compter dès le départ sur le soutien non seulement de son mari, mais aussi de l’organisation bernoise Be-advanced SA, qui conseille les start-up ayant un potentiel d’innovation. «Tout le monde était convaincu que cela marcherait». Mais le succès n’a pas été tout de suite au rendez-vous comme espéré. «Les débuts ont été très difficiles», reconnaît-elle. D’une part, les institutions étaient absorbées par la gestion de la pandémie de coronavirus. D’autre part, il a fallu faire un travail de persuasion, pour montrer que les prestataires peuvent bénéficier d’un meilleur accès à l’expertise infirmière. Jusqu’à mi-2022, Advacare ne comptait que deux collaboratrices: Suleika Kummer et une collègue qui soutient les institutions comme responsable de la formation. Depuis août 2022, la jeune entreprise prend son essor. L’équipe est maintenant composée de douze personnes: six expertes et un expert en soins infirmiers, deux expertes cliniques, une experte mobile en formation, un correcteur responsable de la bibliothèque spécialisée, et le mari de Suleika Kummer, qui s’occupe du marketing et de l’informatique. Tout le personnel travaille à temps partiel. «Toutes et tous apprécient de pouvoir travailler à temps partiel.» Le principe de l’auto-organisation rencontre aussi un écho favorable, tout comme les échanges professionnels au sein de l’équipe, qui stimulent le développement individuel de chaque membre. «Malgré la pénurie de personnel qualifié, nous recevons des candidatures spontanées», se réjouit Suleika Kummer. L’équipe d’Advacare accompagne actuellement vingt-cinq clients au total, dont dix dans le cadre d’une adhésion: trois organisations d’aide et de soins à domicile et sept EMS. La clientèle provient de cinq cantons alémaniques. «Notre objectif est de nous développer dans toute la Suisse.» En plus des soins de longue durée, Suleika Kummer observe aussi des besoins importants dans le domaine du handicap. «Nous aimerions aussi intégrer progressivement ce domaine dans nos prestations.» «Faire adhérer tous les établissements à l’expertise infirmière» Quand on l’interroge sur sa vision, la directrice d’Advacare répond: «Chaque établissement de Suisse devrait être affilié à l’expertise infirmière.» Mais cela ne veut pas dire qu’Advacare jouerait le rôle d’actrice principale dans ce contexte, même si Suleika Kummer est convaincue de son idée commerciale et souhaite que son entreprise poursuive sur sa lancée. «Avec nos prestations, nous ne cherchons pas à nous attacher les institutions et le personnel soignant. Il nous importe davantage de développer l’expertise technique à la base.» Elle ajoute que les adhésions à durée indéterminée permettent précisément de développer progressivement les compétences du personnel soignant. «Le but d’Advacare est que le personnel de terrain puisse de plus en plus assumer lui-même une grande partie du travail, et qu’il n’ait besoin de nous que pour des situations bien spécifiques», explique-t-elle, et d’ajouter en souriant: «Il s’agit en fait de devenir inutiles pour nos membres!» Actuellement, elle se concentre avec son équipe sur la poursuite de la diversification des prestations. Elle formule en ces termes un principe essentiel d’Advacare: «Nos concepts et nos modalités d’action reposent sur une base scientifique mais sont axés sur la pratique.» De plus, il serait réducteur d’assimiler la qualité des soins à une mise en œuvre sécure des différents processus. «Le bien-être des personnes est toujours au centre des préoccupations.» Dans cette optique, Advacare a élargi son offre avec le rôle d’Advanced Practice Nurse (APN): dans le cadre des «bedside-teachings», un·e infirmier·ière praticien·ne spécialisé·e accompagne l’équipe dans les situations de soins très complexes, s’occupe aussi directement de certaines situations de soins et discute de ses observations dans le cadre des visites avec l’équipe soignante. «C’est par nos interventions pratiques que nous pouvons améliorer le plus directement la qualité de vie des résidentes et résidents.» «Le réseautage améliore l’efficacité. Ce n’est qu’ensemble que nous réussirons à développer et à stabiliser la qualité des soins de longue durée.» Suleika Kummer, fondatrice d’Advacare À la une

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