Faire ses propres choix de vie | Magazine ARTISET 2-2024

20 ARTISET 02 I 2024 L’autodétermination allie pouvoir d’agir et liberté de choix. L’un ne va pas sans l’autre. Le droit à l’autodétermination des personnes vulnérables suppose un environnement adéquat, qui compense les limitations et donne les moyens d’agir, explique Jean-Michel Bonvin*. Il aborde la question à l’aune des capabilités, une approche qui vise à garantir à tout individu les conditions d’une vie réellement autonome. Propos recueillis par Anne-Marie Nicole « L’autodétermination peut changer la vie des gens» Comment définiriez-vous la notion d’autodétermination? C’est une vaste question! Je définirais l’autodétermination comme étant une conjonction de deux éléments: d’une part, la liberté de choix, c’est-à-dire la capacité de décider pour soi-même de manière autonome, d’autre part, le pouvoir d’agir, c’est-à-dire la capacité de mettre en œuvre ce qui a été décidé pour soi-même. La liberté de choix et le pouvoir d’agir ne sont-ils donc pas simplement d’autres termes pour exprimer l’autodétermination? Non, ce n’est pas exactement la même chose. Pour que l’autodétermination fasse sens, elle doit conjuguer les deux, le pouvoir d’agir et la liberté de choix. L’un ne va pas sans l’autre. Donner le pouvoir d’agir sans laisser la liberté de choix est de l’ordre du paternalisme. Et donner la liberté de choix sans octroyer le pouvoir d’agir part d’une bonne intention mais ne change rien à la vie des gens. D’ailleurs, toute l’action sociale est confrontée à ces deux risques de dérive: on laisse les gens libres de leur choix, mais on ne leur donne pas les moyens d’agir, ou alors on leur donne les moyens d’agir mais on ne les laisse pas choisir. Comment éviter ces dérives? Actuellement le discours dominant insiste sur l’importance de la participation et de l’autodétermination des personnes dites vulnérables, avec l’idée de «ne pas faire à la place de la personne, mais avec elle». Généralement, les institutions affirment garantir le droit à l’autodétermination de leurs bénéficiaires. Le problème, c’est que les personnes vulnérables restent vulnérables malgré tout. Dès lors, si leur liberté de choix n’est pas soutenue par un environnement adéquat, qui compense leurs limitations et donne les moyens de réaliser effectivement leur autodétermination, la liberté de choix n’est alors qu’une rhétorique qui donne bonne conscience. Or, l’autodétermination est un concept qui a vocation à changer la vie des gens. Le non-choix est-il aussi une façon de s’autodéterminer? Oui, tout à fait. Le non-choix n’est pas forcément contraire à l’autodétermination. Pour certaines personnes, devoir choisir est douloureux et elles décident volontairement de ne pas choisir. Elles trouvent préférable que d’autres le fassent à leur place et adhèrent à ce qui est ainsi décidé pour elles. Mais dès que la personne n’adhère plus à ce que les

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