Faire ses propres choix de vie | Magazine ARTISET 2-2024

24 ARTISET 02 I 2024 Du haut de la passerelle métallique, Celina Chraiet balaie du regard la salle de spectacle vide, plongée dans la pénombre. «Être dans ce théâtre me rappelle de bons souvenirs, j’aime ce lieu», confie-t-elle. Debout, à côté d’elle, Thalya Casmiro renchérit: «Retrouver cette atmosphère particulière, c’est un peu comme un retour à la maison». Elles n’étaient pas revenues au théâtre de La Comédie, à Genève, depuis une année, lorsqu’elles ont participé à un projet de médiation théâtrale, né de la collaboration entre Port d’Attache, une association de référence dans le domaine du placement d’enfants, et le Foyer de la Servette, une institution d’éducation spécialisée. Intitulé «Halte», le spectacle donnait la parole à quatre jeunes femmes qui ont vécu en foyer d’éducation. Elles ont partagé avec le public les émotions et les moments forts qui ont jalonné leur parcours de vie, entre enfance bouleversée et adolescence chaotique. Sous la direction attentive et bienveillante de Marika Dreistadt, comédienne et metteuse en scène, les quatre jeunes femmes – accompagnées d’un jeune homme – ont chacune écrit leur propre texte, retraçant la vie en foyer, les relations avec les parents et les combats, avant de le jouer sur scène. Les histoires ont alterné avec des intermèdes chantés ou dansés, des pointes d’humour aussi, telles des bulles plus légères dans l’atmosphère. Une véritable thérapie Celina et Thalya l’affirment toutes les deux: ce spectacle a été une véritable thérapie, un moment à soi, malgré la présence du public, qui leur a permis de prendre un peu de distance avec leur vécu. «J’ai été très touchée de voir mes amis pleurer après le spectacle. Ils m’ont transmis des émotions que je n’arrivais pas à exprimer tant j’avais dressé de murs autour de moi pour me protéger», raconte Thalya, que cette expérience a apaisée. Même si c’était difficile de se raconter, Celina a tout de suite adhéré à l’idée du spectacle. De santé fragile, Celina craignait de ne pas tenir et de mettre en péril le projet. «C’était beaucoup de travail et un engagement important. Je suis très contente d’y avoir participé!» Guidées par Marika Dreistadt, les jeunes femmes ont choisi de porter un coup projecteur sur un épisode particulier de leur existence ou de mettre en perspective leurs La confiance malgré un avenir incertain Celina et Thalya, la vingtaine toutes les deux, ont passé une partie de leur enfance et adolescence en foyer d’éducation. Il y a un an, elles ont participé à un projet de médiation théâtrale qui a marqué un tournant dans leur parcours de vie et les a aidées à faire le saut dans l’autonomie. Avec confiance et des désirs d’avenir. Anne-Marie Nicole «On touche des aides sociales, mais on est seule. Au début, quand je rentrais, je pleurais, je n’avais plus envie de vivre cette vie-là.» Celina

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