Faire ses propres choix de vie | Magazine ARTISET 2-2024

ARTISET 02 I 2024 29 À la une collabore avec les institutions d’orientation anthroposophique en Suisse. À l’heure actuelle, Anthrosocial réunit plus de quarante institutions qui s’engagent à collaborer dans de nombreux domaines, comme la prévention de la violence et des abus sexuels. Depuis quelques années, elle dispose d’un conseil consultatif d’autoreprésentation, qui donne son avis et conseille les organes de l’association. À une époque où tout évolue rapidement, on peut se demander si les déclarations faites il y a cent ans sont encore valables aujourd’hui et si elles peuvent permette de répondre aux questions et défis actuels. Rudolf Steiner s’exprimait dans le contexte de son époque; de nombreux termes qu’il employait et l’état des connaissances d’alors dans le domaine de l’accompagnement des personnes ayant besoin de soutien, ne sont plus d’actualité. Néanmoins, certains arguments formulés lors de ses conférences sont intemporels et encore d’actualité aujourd’hui: Rudolf Steiner a donné un sens à la vie avec un handicap et s’est résolument engagé en faveur du droit à la vie et à l’éducation des personnes ayant besoin de soutien. Ce qui fait de lui un précurseur de son temps, Points forts de la pédagogie anthroposophique Selon la compréhension anthroposophique de l’être humain, l’accompagnement des personnes ayant besoin de soutien repose, en substance, sur les concepts de base suivants: la reconnaissance et le respect de l’individualité de chaque personne, indépendamment de tout handicap, et la conviction que l’être humain est sain par essence; l’aspiration à considérer à égalité et dans sa singularité la personne ayant besoin de soutien et à concevoir l’accompagnement comme un processus dialogique permettant à la personne de réussir sa vie, de participer à la société et d’être la plus autonome possible. S’ajoute, enfin, l’importance du rythme des journées, des semaines et des années, ainsi que de la pratique et l’expérience artistiques. L’une des principales revendications de Rudolf Steiner dans son «cours de pédagogie curative» est que les professionnel·les devraient se laisser guider par l’individualité des personnes ayant besoin de soutien. Il ne faut donc pas leur imposer ses propres motivations et idées, mais s’efforcer de trouver les motifs d’agir chez les personnes accompagnées. L’accompagnement des adultes ayant besoin de soutien a pour objectif de les aider à réaliser leurs objectifs de vie du mieux possible. Cela implique des conseils et la disposition des professionnel·les à entrer en relation et à évoluer dans et pour cette mission. L’autodétermination ne signifie pas que je peux faire ce que je veux, mais plutôt que je peux, en bénéficiant d’un soutien plus ou moins important, réaliser mes objectifs de vie. C’est une entreprise difficile, qui s’accompagne de nombreux défis et incertitudes, mais qui correspond parfaitement aux propos du philosophe et pédagogue Martin Buber: «L’homme devient un Je au contact du Tu.» L’un n’exclut pas l’autre Dans les institutions d’orientation anthroposophique également, la mise en œuvre de la CDPH est une priorité. L’une des principales problématiques est la gestion des antagonismes, notamment entre individualité et communauté, entre assistance et autodétermination, entre autonomie et besoin de soutien. Puisqu’il n’est pas question d’exclure l’un ou l’autre mais de les faire coexister, il est essentiel d’analyser avec la personne concernée sa situation de vie individuelle et de trouver des solutions permettant un maximum d’autodétermination et de participation. Il convient aussi de faire évoluer les anciennes formes traditionnelles afin de mettre en pratique les fondements de la pédagogie curative et spécialisée d’inspiration anthroposophique, de manière qu’ils constituent une réponse actuelle aux défis et besoins d’aujourd’hui. Pour ce faire, il n’existe aucune recette ni prescription; il n’y a que la recherche individuelle reposant sur une approche dialogique des relations avec les personnes ayant besoin de soutien – et sur les liens existants avec l’environnement social, les proches, les collègues et les associations. * Andreas Fischer, titulaire d’un doctorat en pédagogie curative, est enseignant et superviseur. Il a dirigé un internat pour enfants en situation de handicap pendant vingt ans et coordonné les départements spécialisés de l’association suisse Anthrosocial pendant onze ans. Jusqu’en 2017, il a été directeur de l’École supérieure de pédagogie curative anthroposophique (HFHS) à Dornach. L’une des revendications de Rudolf Steiner dans son «cours de pédagogie curative» est que les professionnel·les devraient se laisser guider par l’individualité des personnes ayant besoin de soutien.

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