Faire ses propres choix de vie | Magazine ARTISET 2-2024

ARTISET 02 I 2024 3 Éditorial «Tous les êtres humains ont le droit de déterminer eux-mêmes leur cadre de vie et donc de s’épanouir librement en tant qu’individus.» Elisabeth Seifert, rédactice en chef Chère lectrice, cher lecteur, Vous appréciez sans aucun doute de pouvoir décider vousmême où et comment vous souhaitez vivre. Dès que nous atteignons l’âge adulte, le libre choix de notre lieu de résidence et de notre cadre de vie fait partie de nos droits. En plus d’une action qui donne du sens, le droit de pouvoir choisir notre logement nous permet d’exprimer notre moi, d’éprouver le sentiment d’auto-efficacité – et donc d’apporter notre contribution à la construction de la société. Cela signifie que toutes les personnes qui ne peuvent pas déterminer elles-mêmes leur environnement de vie sont limitées dans leur développement personnel. Pour de nombreuses personnes en situation de handicap, ces restrictions sont – encore – une réalité qui dure souvent toute la vie. Sont également concernées les personnes âgées qui, en raison de déficits liés à l’âge, ne peuvent plus décider elles-mêmes de leur environnement de vie. Quant aux jeunes venant de milieux familiaux difficiles, elles et ils se heurtent souvent à de grandes difficultés pour se construire une vie autonome et profiter de toutes les possibilités de développement lors du passage à l’âge adulte. Au cours des dix dernières années, depuis que la Suisse a signé la Convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées (CDPH) en 2014, la société a pris conscience du fait que tous les individus ont le droit de déterminer librement leur cadre de vie. Même si les choses ont commencé à bouger, il reste encore beaucoup à faire pour mettre en œuvre les revendications de la CDPH. Et cela concerne la société dans son ensemble. Du côté des autorités ou de la politique, il s’agit de créer de nouvelles conditions-cadres aux différents niveaux de l’État, y compris le financement nécessaire (page 9). Les prestataires de services doivent relever le défi de mettre à disposition un large éventail de possibilités de logement et d’accompagnement (pages 12, 15). Il faut aussi beaucoup de courage et d’engagement de la part des personnes accompagnées, comme le montrent nos portraits du couple Donato Lorusso et Natascha Oberholzer, à Saint-Gall, et des deux care leavers Celina et Thalya, à Genève (pages 6, 27). Tous ces efforts n’auront cependant d’effet que si chacune et chacun est disposé à reconnaître le potentiel des personnes qui sont «différentes». «Il y a un vrai défi sociétal à valoriser les différentes formes de pouvoir d’agir et pas uniquement le pouvoir d’agir qui relèverait de la productivité et de la performance», nous dit Jean-Michel Bonvin, professeur en politiques sociales à l’Université de Genève (page 20). Dans notre partie «L’actu», j’aimerais attirer votre attention sur notre entretien avec Jessica Schnelle, directrice des affaires sociales à la Direction Société et culture de la Fédération des coopératives Migros. Elle nous informe que, depuis ce mois de mars, il existe également des contributions de soutien pour le développement stratégique des organisations d’utilité publique (page 36). Il est également intéressant d’apprendre comment les institutions médico-sociales font progresser depuis de nombreuses années le développement de la qualité des soins basé sur les données au moyen d’indicateurs de qualité médicaux (page 32). Les care leavers Celina et Thalya au théâtre de la Comédie, à Genève. Dans le cadre d’un projet de médiation théâtrale, elles ont relaté des étapes essentielles de leur vie passée. Photo: amn

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