Faire ses propres choix de vie | Magazine ARTISET 2-2024

ARTISET 02 I 2024 33 L’actu «Les indicateurs donnent l’occasion de mener une réflexion interne et sont très pertinents pour sensibiliser au professionnalisme», affirme Marlies Petrig, responsable Health Care Services du KZU à Bassersdorf. Il s’agit de questions centrales, qui concernent le bien-être des résident·es: «Est-ce que les résident·es ressentent des douleurs? Installons-nous cette barrière de lit avec le soin requis? Ou encore, avonsnous tendance à dispenser trop de médicaments?» Pour Lucia Schenk, collaboratrice scientifique Soins et thérapie au Zentrum Schlossmatt de Berthoud, il est important de permettre au personnel soignant d’exprimer ses sentiments, mais aussi «de lui apprendre à réfléchir en termes de chiffres». C’est le seul moyen d’attester des améliorations de la qualité en se fondant sur des données. Anne Plissart, infirmière-­ cheffe coordinatrice chez RPSA La Petite-Boissière à Genève, souligne quant à elle: «Nous avons une vision globale de l’amélioration; le développement des soins au moyen d’indicateurs en fait partie depuis de nombreuses années.» Pour être comparables, les données doivent être de qualité Alors que les représentantes des trois établissements sont convaincues du bien-fondé des indicateurs, elles relativisent l’importance de la statistique nationale. Fin février, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a publié pour la première fois des indicateurs de qualité médicaux au niveau des EMS, qui s’appuient sur les données de 2021. Chacun des trois EMS présente des valeurs qui sont bonnes, voire très bonnes, par rapport aux moyennes cantonales, l’EMS La Petite-Boissière étant évalué avec les deux autres sites du Groupe RPSA. Anne Plissart estime que l’enquête nationale sert avant tout à sensibiliser les établissements n’ayant pour ainsi dire jamais travaillé avec les IQM. Marlies Petrig, du centre de compétences «Soins et Santé» KZU, comprend tout à fait que la Confédération veuille mesurer la qualité dans le contexte d’un catalogue de prestations de soins défini au niveau national. Elle ajoute: «Ce n’est pas non plus une mauvaise chose de voir où on se situe dans la comparaison cantonale puis de chercher à comprendre ses propres données.» Toutefois, Marlies Petrig précise que les données publiées ne sont pas utilisées pour établir des classements mais qu’elles servent uniquement au processus interne d’amélioration de la qualité. Elle justifie cela par le fait que la composition des résident·es peut influencer les valeurs des indicateurs et que les établissements présentent des situations très variables: «Un EMS qui emploie ses propres médecins peut plus facilement présenter des valeurs basses pour la polymédication, car il n’est pas confronté à de nombreux médecins de famille qui disposent de peu de temps.» Lucia Schenk, Marlies Petrig et Anne Plissart critiquent les irrégularités survenues dans la collecte des données ou des pratiques de collecte différentes, qui limitent la possibilité de comparer les indicateurs. Elles identifient des problèmes de codage pour les trois domaines de mesure malnutrition, polymédication et douleur. La collecte des mesures limitant la liberté de mouvement ne pose pas vraiment problème. Pour améliorer la qualité des données à l’avenir, les trois représentantes d’EMS misent sur le «Programme national de mise en application – Qualité des soins de longue durée dans les établissements médico-sociaux 2022–2026» (NIP-Q-Upgrade) en cours. Analyse régulière des indicateurs Les expertes trouvent également à redire à la statistique publiée pour la première fois fin février, car celle-ci repose sur des données qui remontent à plusieurs années. Il est fort probable que dans cet intervalle de temps important, la situation dans les EMS ait évolué, de même que les indicateurs. Comme l’enquête sera désormais publiée chaque année, ce problème devrait se régler progressivement. Le prochain rapport national, établi avec les données de 2022, est prévu pour la fin de cette année. Les responsables des soins elles-mêmes estiment que des périodes d’observation annuelles sont trop longues pour le processus interne d’amélioration de la qualité. Elles procèdent à l’extraction des indicateurs dans les outils de saisie tous les trois à six mois. Pour leurs analyses internes, les trois EMS enregistrent, en plus des domaines de mesure nationaux, d’autres indicateurs qu’ils jugent particulièrement sensibles pour leur établissement: La Petite-Boissière, «Nous avons une vision globale de l’amélioration. Le développement des soins au moyen d’indicateurs en fait partie depuis de nombreuses années.» Anne Plissart, infirmière-cheffe coordinatrice chez RPSA La Petite-Boissière à Genève

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