Faire ses propres choix de vie | Magazine ARTISET 2-2024

ARTISET 02 I 2024 49 L’actu résidents l’utilité des moyens auxiliaires comme le déambulateur et de les amener à s’en servir. Apprendre malgré la démence Les mesures globales de communication améliorée et alternative (CAA), que je n’avais pas connues dans les services de démence des EMS, enrichissent beaucoup mon travail. Elles permettent une meilleure compréhension en cas de difficultés d’élocution et préservent l’autodétermination et la participation. Les pictogrammes, le langage des signes ainsi que les moyens techniques et électroniques simples aident la gestion du quotidien quand les capacités cognitives diminuent, et même si les personnes concernées n’ont pas grandi avec. Au stade léger à moyen d’une démence, on peut encore tout à fait apprendre et s’entraîner. Voici un exemple éloquent de la manière dont nous donnons aux gens les moyens d’obtenir des informations sans notre aide. Les membres de notre unité de vie demandent régulièrement ce qui est au menu. Comme il est pénible, même avec beaucoup d’empathie, de répondre gentiment toujours la même chose, et comme les personnes sont particulièrement sensibles aux changements d’humeur, nous avons créé le Big Point, un enregistreur sous la forme d’un gros bouton poussoir. Chaque jour, nous y enregistrons le jour de la semaine et le menu. Quand les résident·es nous interrogent sur le menu, nous les invitons à appuyer sur ce bouton. L’information est complétée par une photo sur le Big Point. Nos gens ont beaucoup de plaisir à appuyer sur ce bouton. Ils peuvent l’actionner plusieurs fois de suite et apprennent à se procurer cette information de manière autonome. Des expert·es de leur réalité Comme je l’ai déjà dit, nous ne pourrions plus nous passer de certains gestes simples. Avec la progression de la démence, les besoins comme manger, boire, se doucher ou aller aux toilettes sont difficiles à comprendre par le langage verbal, d’où l’utilité de l’associer au langage des signes. J’aimerais souligner ici l’importance des services d’accompagnement socioprofessionnel et des groupes spécialisés en CAA. Des offres institutionnelles, où les personnes en situation de handicap et les équipes peuvent trouver du soutien, sont nécessaires. Il est indispensable de continuer à chercher ensemble des outils utiles et des moyens adéquats. À la fondation Balm, tous les outils pratiques sont intégrés au concept de l’approche basée sur les solutions, lequel invite à une réflexion permanente sur soi. C’est une clé en or dans les relations avec les personnes concernées. Faire des clientes et clients des expertes et experts de leur réalité, reconnaître notre ignorance sur ce terrain et avoir conscience que chaque comportement a une bonne raison d’être: tout cela nous libère au quotidien de la pression subie pour trouver une solution tout de suite. Dès lors, il s’agit de procéder par petites étapes, de veiller aux exceptions et de se concentrer sur les ressources et les réussites. Combiner les connaissances Pour accompagner les personnes atteintes de démence dans la vie de tous les jours, pour leur permettre de rester présentes là où c’est possible et pour créer sans cesse avec elles le cadre adapté, nous avons besoin de compétences spécialisées à la fois dans les soins et dans l’accompagnement socio-­ professionnel. De la même manière que nous garantissons la participation et tenons compte des interactions, nous devons pouvoir faire face aux situations palliatives et, par exemple, soigner les plaies avec professionnalisme. Ces connaissances sont bien sûr importantes pour les unités de vie spécialisées dans la démence, mais aussi pour l’ensemble des lieux où vivent des personnes âgées. Selon mon expérience, les transferts dans une unité de vie spécialisée en démence ont rarement lieu au moment opportun. C’est pourquoi même les accompagnant·es moins expérimenté·es doivent être en mesure de procéder à des adaptations de l’environnement, de la structure de la journée et la communication. J’espère que l’évolution future vers un financement lié à la personne et la réduction de la taille des unités de vie rendront un jour inutiles les unités spécialisées en matière de démence. J’espère aussi que les conditions créées permettront à une personne, quelle que soit l’évolution de son état de santé, de demeurer dans son lieu de vie de longue date et de s’y faire accompagner. * Antje Hirt est infirmière diplômée. Elle a un diplôme fédéral pour diriger les équipes des institutions sociales et médico-sociales et est formatrice qualifiée ACS. Au sein de la fondation Balm à Jona, elle est adjointe de la direction des soins et responsable d’une unité de vie. FORMATIONS CONTINUES ■ Avec son atelier d’une journée (en allemand) sur l’accompagnement orienté vers les solutions des personnes atteintes de démence, Antje Hirt a créé une formation continue dont l’objectif est d’acquérir des connaissances spécialisées et des compétences pratiques. L’atelier a lieu le 19 septembre 2024 à Winterthour. Plus d’informations sur zlb-schweiz.ch ■ Artiset Formation propose une formation continue de deux jours (en allemand) sur l’accompagnement de personnes en situation de handicap atteintes de démence. Informations sur agenda.artiset.ch

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