Magazine ARTISET_3-2022_Citoyenneté politique et participati

34 ARTISET 03 I 2022 L’actu Une étude de l’Observatoire suisse de la santé (Obsan) met en lumière le besoin en soins de longue durée jusqu’en 2040. Pour le directeur d’Artiset Daniel Höchli et pour le directeur de l’association de branche Curaviva Markus Leser*, il y a urgence à dégager des financements supplémentaires. Mais il s’agit également de continuer à développer les prestations de soins intégrés, dont relève l’habitat protégé Propos recueillis par Elisabeth Seifert «Nous ne savons pas encore comment répondre aux besoins» Le nombre de seniors de 80 ans et plus devrait augmenter de 83% entre 2020 et 2040, selon ce que révèle le rapport Obsan. Est-ce que cela correspond à vos prévisions? Markus Leser – Nous savons depuis le milieu des années 1970 que, pour des raisons démographiques, la population de personnes âgées va augmenter. Ces chiffres n’ont donc rien de surprenant. La génération des baby boomers y est pour beaucoup. Un autre élément important ici est l’augmentation de l’espérance de vie. C’est une évolution positive et non un scénario alarmant comme on ne cesse de le présenter. Daniel Höchli – Les prévisions démographiques sont très fiables et réservent donc peu de surprises. Mais ce qui est intéressant, c’est la nature des besoins en soins de longue durée mise en lumière par le rapport Obsan sur la base de cette évolution démographique. Sans changement dans la politique de soins actuelle, le rapport estime qu’il faudra 921 EMS supplémentaires d’ici à 2040. Même dans le cas d’un transfert vers les secteurs ambulatoire et intermédiaire, il table encore sur 683 nouveaux établissements. Quelle est votre opinion à ce sujet? Markus Leser – Les besoins augmentent dans tous les secteurs des soins et de l’accompagnement de longue durée. Mis à part l’évolution démographique, la raison est aussi à rechercher du côté des besoins en soins spécifiques: la géronto-psychiatrie est de plus en plus sollicitée, les troubles psychiques augmentent, de même que les problèmes d’addiction et, évidemment, les pathologies de démence. Les besoins augmentent aussi dans le domaine des soins palliatifs. S’ajoutent à cela les besoins spécifiques des personnes âgées issues de l’immigration mais également des personnes en situation de handicap. Dans tous ces domaines, le coût financier induit par personne est élevé, tant en ce qui concerne les soins que l’accompagnement. Daniel Höchli – Si rien ne change dans la politique des soins actuelle, le besoin en places de longue durée supplémentaires en EMS se fera tout particulièrement sentir en Suisse alémanique. En Suisse romande, où les personnes âgées n’ayant que peu de besoins en soins sont accompagnées aujourd’hui déjà en ambulatoire, les services d’aide et de soins à domicile connaissent une forte croissance. Ce qui me surprend le plus dans ce rapport, c’est l’évolution prévue des formes d’habitat protégé. Ses auteurs partent du principe que la demande, dans les années à venir, sera vraisemblablement plus forte qu’à l’heure actuelle. Je suis pour ma part convaincu que l’habitat protégé va gagner beaucoup plus en importance que ce que prévoit le rapport. Pour vous, le rapport Obsan sous-estime la demande à venir en formes d’habitat protégé? Daniel Höchli – Le rapport relève effectivement les conséquences que pourraient avoir divers scénarios politiques sur les soins de longue durée. Mais ce qui m’étonne, c’est que le développement de

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