ARTISET 03 I 2022 37 a certainement pas de surmédicalisation dans les soins de longue durée. Elle est ailleurs et elle mérite d’être réduite. Markus Leser – Il faudrait en outre que la société ouvre le débat sur les valeurs qu’elle entend promouvoir. Chacune et chacun d’entre nous a le droit de savoir ce qui va se passer le jour où, avec l’âge avançant, nous risquons de présenter des pathologies multiples. Le problème est que ni le monde politique ni la société en général ne prend au sérieux les personnes atteintes de pathologies multiples, parce qu’elles n’ont plus d’intérêt pour la société en termes de productivité et n’en auront plus jamais. C’est contre cela qu’il faut se battre. Daniel Höchli – Il n’y a pas de recette miracle. Nous devons simplement continuer à sensibiliser, sans relâche. Le débat sur le climat le montre clairement: changer les comportements et les attitudes demande énormément d’efforts. Ne serait-ce que pour des raisons de financement, on ne cesse de réclamer de la société civile qu’elle s’implique. Quelle est votre opinion à ce sujet? Daniel Höchli – Confier quasiment l’ensemble des tâches d’accompagnement et de soutien aux seuls services professionnels revient extrêmement cher. Il faut pouvoir impliquer les proches, le voisinage et des bénévoles. Impliquer la société civile contribue par ailleurs à améliorer la qualité de vie. Elle garantit l’intégration dans la société. Et elle permet également de compenser en partie le manque de personnel qualifié. Mais pour pouvoir disposer d’assez de bénévoles, il faut développer un système qui soit suffisamment incitatif. Markus Leser - Oui, c’est aussi mon avis. Le bénévolat ne va pas de soi. Une incitation possible pourrait par exemple prendre la forme de formations continues. Il faut aussi que toutes les parties prenantes, professionnelles et non professionnelles, soient réunies dans un seul et même système. Car la collaboration interprofessionnelle – la coopération entre les divers groupes professionnels impliqués – est absolument essentielle. Outre le financement, un autre défi majeur est le manque de personnel qualifié… Markus Leser – En tant qu’association de branche, il est de notre responsabilité d’améliorer l’image des soins de longue durée. Nous travaillons par ailleurs actuellement avec des jeunes sur un projet destiné à développer de nouveaux modèles de travail. Mais je suis également d’avis qu’il est particulièrement important de créer de nouvelles incitations sur le plan financier, dans le cadre de la formation continue, par exemple. Les grands EMS, qui disposent d’une certaine marge financière, le font déjà. Daniel Höchli – C’est précisément en période de haute conjoncture, quand l’ensemble du marché du travail est asséché, qu’il faut des incitations sur le plan financier pour pouvoir rester compétitif. Sans marge de manœuvre financière, les employeurs n’ont que très peu de possibilités d’augmenter leur attractivité. Mais il y a d’autres facteurs, également importants, comme une bonne organisation ou une bonne ambiance de travail. Ou encore mettre une crèche à disposition du personnel. Qu’entreprennent la fédération Artiset et l’association de branche Curaviva pour assurer à long terme les soins et l’accompagnement de longue durée? Daniel Höchli- Artiset soutient l’association de branche dans toutes ses revendications. Nous sommes actuellement très engagés sur la question du personnel qualifié, au travers de l’«initiative sur les soins infirmiers. Mais cela ne suffira de loin pas à résoudre tous les problèmes. Car il s’agit d’un problème global qui touche également le domaine du social. Nous nous engageons également pour que les soins infirmiers soient intégrés dans le projet de financement uniforme des prestations dans les secteurs ambulatoire et stationnaire. Et pour ce qui concerne le besoin de financement additionnel, par exemple par le biais d’une augmentation de la TVA, nous sommes à la recherche d’un éventuel partenaire à même de porter cette revendication au niveau politique. Markus Leser – L’association de branche est fortement impliquée dans tous les projets politiques. Nous sommes par ailleurs en train de préciser et de concrétiser notre vision «Habitat Seniors». Enfin, au travers d’un travail de relations publiques auprès des médias et du grand public, nous entendons sensibiliser la société dans son ensemble sur la nécessité de concrétiser également l’approche intégrée dans les soins de longue durée. * Markus Leser est membre de la direction d’Artiset et directeur de Curaviva, l’association de branche qui soutient les prestataires de services pour les personnes âgées. Daniel Höchli est directeur de la Fédération Artiset qui regroupe Curaviva, Insos et Youvita. Artiset soutient les trois associations de branche sur les questions centrales telles que le personnel qualifié ou le financement des prestations. L’actu
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