ARTISET 03 I 2022 45 dépendre de leurs proches. Conséquence: certains seniors sont isolés. Prenons l’exemple des paiements. Si la personne âgée ne parvient pas à régler ses factures via e-banking, elle se rendra au guichet mais cela engendrera un coût supplémentaire. En termes d’équité, il n’est pas normal que les seniors doivent payer davantage. Et sur le plan psychologique, il y a perte d’estime de soi. C’est pour cette raison que l’accompagnement est primordial. Quels sont les principaux défis à relever pour pouvoir offrir un accompagnement adapté aux besoins? Le principal défi consiste à répondre aux besoins hétérogènes des seniors, les ressources financières et la mobilité étant extrêmement diverses d’une situation à l’autre. De plus, ce n’est pas seulement un accompagnement technologique qui est nécessaire mais un accompagnement interpersonnel. À ce jour, aucun profil professionnel rassemblant ces deux aspects n’existe. Il y a donc nécessité d’imaginer une formation technique pour les personnes dans les soins et le social et une formation plus «sociale» ou gérontologique pour les profils techniques. Le défi supplémentaire réside au niveau de l’attitude. Il ne convient pas seulement de voir les déficits mais davantage d’encourager l’autonomie et valoriser le potentiel des seniors! Quelles leçons ont-elles été tirées de l’étude? Nous observons passablement d’initiatives de soutien mais il n’y a aucune vue d’ensemble. Des cours d’informatique sont bel et bien existants mais il n’y a pas de portail réunissant ces offres. De plus, les prestations proposées concernent davantage les technologies de l’information et de la communication et moins celles relatives aux systèmes de télé-assistance, à l’utilisation de services administratifs en ligne ou encore au e-banking. Que pourrait-on mettre en place pour combler ces lacunes? Il faudrait que la perception de la société envers les personnes âgées change. Beaucoup d’entreprises considèrent que les seniors sont des clients captifs et, pour cette raison, ne souhaitent pas engager des frais supplémentaires. Une meilleure connaissance de qui sont vraiment les personnes âgées serait nécessaire car le critère d’âge n’est plus significatif. Un travail de sensibilisation auprès des entreprises serait important. De manière générale, la tendance à la digitalisation est forte, c’est un fait. Il y a une pression sur les personnes âgées pour qu’elles soient à la page. Certaines personnes sont réticentes au changement car elles ont l’impression qu’on leur force la main. Si on arrive à expliquer la plus-value au quotidien, peut-être qu’elles changeront d’avis. Le travail de communication est donc essentiel. «Les personnes âgées ne veulent pas forcément dépendre de leurs proches», observe Delphine Roulet Schwab, professeure à la Haute Ecole de la Santé La Source à Lausanne. Photo: Hélène Tobler «Nous ne devons pas voir seulement les déficits, mais davantage encourager l’autonomie et valoriser le potentiel des seniors.» Delphine Roulet Schwab
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