ARTISET 03 I 2023 3 Éditorial «Grâce aux développements sociopolitiques et à divers postulats, les mondes du travail des personnes avec et sans handicap se rapprochent.» Elisabeth Seifert, rédactrice en chef Chères lectrices, chers lecteurs, Lorsque vous pensez à des entreprises dans lesquelles travaillent également des personnes en situation de handicap, vous avez peut-être encore en tête – d’autant plus si vous n’êtes pas une ou un spécialiste de la question – un vocabulaire qui n’est plus vraiment d’actualité. Ainsi, des notions telles que marché du travail «protégé» ou «secondaire» sont fréquentes. Et au sein même de certaines entreprises, on parle encore d’«ateliers protégés». Une telle terminologie tend à diviser les mondes du travail des personnes avec et sans handicap. On assiste pourtant à un changement depuis quelques années. L’AI, par exemple, défend le principe de «la réadaptation prime la rente», l’aide sociale mise elle aussi sur la (ré)insertion sur le marché du travail. Quant à la CDPH, elle exige la participation et l’intégration des personnes handicapées de façon très radicale, allant jusqu’à la suppression des institutions sociales. Grâce aux développements sociopolitiques et à divers postulats, les mondes du travail se rapprochent. Cela se manifeste dans une nouvelle terminologie: on parle désormais de marché du travail «général» ou «ordinaire» et de marché du travail «complémentaire». Et les entreprises de ce marché complémentaire se considèrent comme des entreprises d’intégration, des entreprises sociales ou des entreprises sociales de participation et d’intégration professionnelles. Cette évolution s’accompagne immanquablement de nouveaux défis auxquels les entreprises sont confrontées, tant sur le marché complémentaire que sur le marché ordinaire du travail: les entreprises sociales sont appelées à s’ouvrir au marché et à aider les personnes en situation de handicap à s’adapter aux exigences qui leur sont imposées. Et les entreprises du marché du travail ordinaire ont le devoir de permettre aux personnes ayant des capacités et des compétences inhabituelles d’y participer. Le projet «Inclusion RéseauPostal», mis en place par la Poste Suisse en collaboration avec l’association de branche Insos, montre de façon remarquable et exemplaire comment ces défis sont relevés de part et d’autre (page 6). Je suis particulièrement impressionnée par le gain social retiré des premières expériences, notamment pour la Poste. En outre, on se rend clairement compte de l’importance que les entreprises sociales et leur personnel spécialisé continuent d’avoir – et doivent continuer d’avoir – dans l’accompagnement des personnes handicapées. Dans l’interview accordée au magazine, Beni Brennwald, fondateur de Grundlagenwerk, à Wangen bei Olten, évoque les perspectives des entreprises sociales (page 10). Il en appelle à leur volonté de réaliser un travail de «traduction» nécessaire vis-à-vis des entreprises du marché du travail ordinaire, mais aussi des autorités et des assurances sociales. Si vous dirigez vous-même une entreprise sociale ou si vous êtes une ou un professionnel de l’accompagnement des personnes en situation de handicap, vous découvrirez certainement des approches intéressantes et inspirantes dans nos quatre portraits d’entreprises d’intégration de Suisse romande et de Suisse alémanique (pages 14, 18, 22, 26). Leur point commun: une capacité à mettre en œuvre des démarches innovantes, même avec des conditions cadres pas toujours faciles.» Photo de couverture: De l’entraînement progressif à la place d’apprentissage sur le marché ordinaire du travail: Tobias Huggenberger (à gauche) et son accompagnant socioprofessionnel Ruedi Gubler. Photo: Learco/Tibor Nad
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