Appréhender les transgressions |Magazine ARTISET | 3 2024

ARTISET 03 I 2024 17 Au Foyer, à Lausanne, deux instances internes permettent de traiter les situations problématiques: la Commission Bientraitance et le binôme Madame et Monsieur SOS. Grâce au dispositif «Prévention de la maltraitance – Promotion de la bientraitance» officiellement introduit en 2016, la parole des bénéficiaires serait davantage respectée et prise en considération dans les décisions internes de l’institution. Anne Marie Nicole Au numéro 90 de la route d’Oron, sur les hauts de Lausanne, la vieille bâtisse qui a abrité pendant plus d’un siècle l’association Le Foyer a cédé la place à un bâtiment flambant neuf. L’institution a vu le jour en 1900, à l’initiative d’une institutrice vaudoise qui voulait combler l’absence de places d’accueil pour des enfants aveugles ou malvoyants présentant simultanément une déficience intellectuelle. Devenu un centre de compétence reconnu dans le domaine des déficiences visuelles, Le Foyer accueille aujourd’hui une centaine d’adultes dans des unités de vie et des ateliers d’activités et propose également depuis une quinzaine d’années diverses structures spécialisées pour l’accueil d’une trentaine d’enfants et de jeunes avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA). La porte d’entrée du nouveau bâtiment donne accès à un vaste hall baigné de lumière qui se prolonge de part et d’autre en de larges couloirs. En face, les baies vitrées donnent sur une terrasse et sur un parc où se dressent trois petits immeubles construits quelques années plus tôt pour abriter les unités de vie et les centres de jour. Le bâtiment principal comprend une réception, des locaux administratifs, des ateliers, un magasin, un restaurant, quatre lieux de vie et une salle polyvalente. Au rez-de-chaussée, flotte encore comme une odeur de peinture fraîche. Le rouge ocre d’une paroi contraste avec le blanc immaculé du reste de l’espace. Pour l’heure, il n’y a nulle signalétique, hormis des mains courantes en bois clair qui courent le long des murs et servent de guide. Seuls un petit fauteuil et un présentoir avec quelques brochures occupent un coin du hall d’entrée, non loin de la réception. «Nous avons emménagé il y a quelques semaines seulement et nous avons encore besoin de temps pour finaliser les nombreux détails», explique Marie-Anne Cristuib, éducatrice spécialisée, responsable de secteur et coordinatrice du dispositif «Prévention de la maltraitance – Promotion de la bientraitance». L’inauguration des lieux est prévue à mi-septembre. La Pinte à Didi Au rez inférieur, Frédéric Lüscher, dit Freddy, est impatient. Il inspecte le contenu des placards et du frigidaire dans ce qui sera très bientôt La Pinte à Didi, un kiosque ainsi nommé en référence à la terminaison phonétique de Freddy et de son camarade Hansruedi, tous deux responsables de ce futur lieu de rencontre et de socialisation. Freddy, la septantaine, est arrivé au Foyer à l’âge de 19 ans, après avoir séjourné dans d’autres institutions dès son plus jeune âge, «à une époque où les claques et les engueulades ne choquaient pas grand monde», raconte-t-il. Quant à Hansruedi, 94 ans, il réside au Foyer depuis 1941! Outre la responsabilité du kiosque, les deux résidents font également partie de la Commission Bientraitance. Au sein de l’association Le Foyer, les premières réflexions autour de la maltraitance remontent au début des années 2000, tandis que le Canton de Vaud légiférait sur les mesures de contrainte et de contention appliquées aux personnes

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