18 ARTISET 03 I 2024 en situation de handicap, à la suite de situations de maltraitance survenues dans des établissements vaudois et qui avaient alors défrayé la chronique. Si Le Foyer a commencé à mettre en place les différentes mesures destinées à prévenir la maltraitance et promouvoir la bientraitance dès 2006, ce n’est qu’en 2016 que le dispositif Bientraitance a été officiellement documenté et enregistré dans le système Qualité de l’association. Cette documentation énonce les principes de base, décrit les voies de signalement de situations de maltraitance ainsi que les conséquences encourues. Elle propose également une définition de la maltraitance, reprise des travaux du Conseil de l’Europe et qui englobe les actes, volontaires ou non, tels que les abus physiques et sexuels, les préjudices psychologiques, les abus financiers, les négligences et les abandons d’ordre matériel ou affectif. «Plutôt que de maltraitance, nous préférons parler de non-bientraitance», précise Marie-Anne Cristuib, citant en exemple des comportements inadéquats de membres du personnel qui relèvent de l’abus de pouvoir, de la négligence ou d’un manque de respect: tutoyer les bénéficiaires sans leur accord, leur attribuer des sobriquets, ouvrir un colis à la place de la personne à qui il est adressé, fumer à l’extérieur en présence d’une ou d’un bénéficiaire sans se préoccuper de savoir si cela l’incommode, etc. «Ces pratiques ne sont pas graves en soi, mais ce sont des abus de pouvoir et des manques de considération qui doivent être signalés et traités.» Monsieur et Madame SOS Au Foyer, deux instances internes permettent de prendre en charge les situations problématiques: la Commission Bientraitance et la permanence de signalement assurée par le binôme Madame et Monsieur SOS. Le binôme SOS, une fonction occupée par des collaboratrices ou collaborateurs du Foyer, est l’autorité exécutive du dispositif. Il gère et traite les plaintes, qu’elles émanent des résidentes ou résidents qui se sentent ou qui sont maltraités ou des membres du personnel qui se sentent ou sont maltraités par des résidentes ou résidents. Si les plaintes étaient nombreuses à l’époque de la mise en place du dispositif, le binôme n’en traite actuellement plus qu’une poignée chaque année, rapporte Marie-Anne Cristuib, qui a officié comme Madame SOS avant de reprendre la responsabilité du dispositif dans son ensemble. Une fois par semaine, le binôme SOS est présent au kiosque, à disposition des bénéficiaires. Les situations rapportées concernent généralement des insatisfactions liées à la vie quotidienne dans l’institution, des attitudes peu respectueuses à leur encontre ou des inquiétudes quant au respect de leurs droits. Selon la nature et la gravité des cas, le binôme les règle directement en discutant avec les personnes concernées, par le biais d’une médiation ou d’une réparation. En cas de situation complexe et de maltraitance avérée, Madame et Monsieur SOS la dénoncent auprès des responsables pour la faire cesser et réinstaurer une cohabitation sereine. Les résidentes et résidents non verbaux qui n’ont pas accès par leurs propres moyens à Madame et Monsieur SOS bénéficieront prochainement du soutien d’ambassadrices et d’ambassadeurs de la bientraitance. Le cœur du dispositif Bientraitance Quant à la Commission Bientraitance, composée de dix personnes auto-représentantes, elle constitue l’autorité législative. «C’est le cœur du dispositif», résume Marie-Anne Cristuib qui anime les quelques réunions annuelles de la commission. Le rôle de cette instance est en effet essentiel puisqu’elle traite des thèmes liés à la prévention de la maltraitance et promotion de la bientraitance en vue d’améliorer la prise en considération des bénéficiaires et les bonnes pratiques professionnelles. Elle élit Madame et Monsieur SOS, les soutient et évalue leur travail. Elle valide les changements de textes ou de procédures du dispositif. Surtout, les membres «Plutôt que de maltraitance, nous préférons parler de non bientraitance, par exemple des comportements inadéquats de membres du personnel qui relèvent de l’abus de pouvoir, de la négligence ou d’un manque de respect.» Marie Anne Cristuib, coordinatrice du dispositif «Bientraitance» À la une
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