ARTISET 03 I 2024 35 bien conçue. Les EMS contribuent d’abord à former plus de personnel soignant dans le cadre de l’offensive de formation puis, dans un deuxième temps, il s’agit d’améliorer les conditions de travail et le développement du personnel soignant afin de le fidéliser. Christina Zweifel – Le monitoring du personnel soignant confirme la nécessité d’agir dans différents domaines. La valeur des soins infirmiers au sein de la société, en particulier ceux de longue durée, me semble aussi importante. C’est ce sur quoi nous devons travailler, en tant que branche, afin de pouvoir surmonter les défis de demain. Début juillet, les dispositions légales pour la mise en œuvre de la première étape de l’initiative sur les soins infirmiers sont entrées en vigueur: les cantons sont notamment tenus de promouvoir la formation pratique au sein des institutions et de soutenir les étudiantes et étudiants par le biais de contributions. Qu’attendez- vous de ces mesures? Christina Zweifel – Elles sont importantes mais posent aussi certains défis aux EMS. Je tiens toutefois à souligner qu’un grand nombre de nos membres a déjà beaucoup investi dans la formation du personnel soignant. En quoi les mesures sont-elles un défi pour les EMS? Christina Zweifel – Le fait que l’obligation de formation soit liée à un système de bonus-malus est à mes yeux problématique. Les EMS sont particulièrement mécontents de devoir payer une amende s’ils ne forment pas assez de personnel alors qu’il est difficile de trouver des apprenties et apprentis. Il y a en outre un manque de formatrices et formateurs professionnels et pratiques, qui sont non seulement indispensables pour former le nombre exigé d’infirmières et d’infirmiers, mais qui jouent aussi un rôle essentiel pour la qualité de la formation. Quels espoirs placez-vous dans les contributions versées aux étudiantes et étudiants par les cantons? Christina Zweifel – Cette mesure n’est pas contestée par les fournisseurs de prestations car son financement est fixé et assumé par les cantons. Il est néanmoins possible que les étudiantes et étudiants préfèrent une formation en milieu hospitalier, où les salaires sont plus élevés que dans les EMS. C’est pourquoi des conditions égales sont absolument indispensables dans la branche. Catherine Bugmann – À l’instar de la promotion de la formation pratique, les contributions font l’objet de différentes mises en œuvre cantonales, comme le veut notre fédéralisme. Christina Zweifel – De plus, en raison du coût de la vie, le montant des contributions diffère selon les cantons, augmentant ainsi la pression entre eux. Catherine Bugmann – Les EMS font face à un double défi concernant le recrutement de personnel: il y a la concurrence entre les cantons d’une part, et entre les domaines de soins d’autre part. Dans ce contexte, la campagne «Une carrière empreinte d’humanité» est un outil essentiel pour mieux faire connaître les avantages et les opportunités des soins de longue durée. La Confédération et les cantons entendent promouvoir ensemble les mesures à hauteur de près d’un milliard de francs pendant huit ans. Et ensuite? Catherine Bugmann – Le monitoring national du personnel soignant est un bon outil nous permettant d’évaluer l’impact des mesures. Nous pouvons ainsi savoir où les mesures supplémentaires doivent être prises. En tant qu’organisation représentant les intérêts de nos membres, nous suivrons la situation de près et ferons pression sur les autorités si nous constatons qu’il est nécessaire d’agir. Christina Zweifel – Dans notre Suisse fédérale, ce milliard ne sera pas réparti de manière égale. Quand un canton octroie des contributions plus élevées, la Confédération verse elle aussi un plus grand montant. Dans certains cantons, la situation devrait davantage s’améliorer que dans d’autres, pour autant qu’il s’agisse des bonnes mesures. Nous observerons attentivement l’évolution afin de savoir où cela fonctionne le mieux. De plus, avant la fin de la période des huit ans, nous nous engagerons, avec nos associations cantonales, pour que les mesures efficaces devant être financées à long terme soient prises en charge via le financement résiduel. La procédure de consultation relative aux bases légales de la mise en œuvre de la deuxième étape de l’article sur les «Nous approuvons les suppléments proposés dans le cadre de la consultation, par exemple en cas de travail de nuit ou d’horaires irréguliers – à condition qu’ils soient financés.» Catherine Bugmann, responsable de projets Politiques publiques chez Artiset
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