36 ARTISET 03 I 2024 soins infirmiers, qui portait avant tout sur les conditions de travail, s’est achevée fin août. Comment jugez-vous globalement les mesures proposées? Catherine Bugmann – Nous apprécions beaucoup que la Confédération s’engage pour améliorer les conditions de travail. Elle propose à cet effet une série de mesures relevant du droit du travail. Cependant, nous estimons que certaines d’entre elles limitent trop fortement la marge de manœuvre des entreprises. Notre principale critique concerne toutefois le financement: la Confédération ne parle ni des conséquences financières des mesures, ni de leur financement. La Confédération mentionne que le financement doit être assuré par le biais d’une redistribution interne des moyens. Quelle est votre opinion à ce sujet? Christina Zweifel – Pour les EMS, c’est impossible. Ce qui me dérange tout particulièrement, c’est que l’hypothèse de départ d’une telle phrase implique qu’il y a assez d’argent dans le système et que les EMS devraient simplement être mieux gérés. C’est de la pure arrogance vis-à-vis de nos membres. Dans une branche aussi réglementée que la nôtre, il est impossible de simplement redistribuer les moyens. Catherine Bugmann – Cela fait des années que nous constatons une importante lacune de financement dans les EMS. Les contributions des assureurs et des cantons, en tant que financeurs résiduels, ne suffisent pas à couvrir les coûts. Parmi les mesures relevant du droit du travail que propose la Confédération figurent divers suppléments au salaire et même une réduction de la durée (maximale) du temps de travail. Ce sont pourtant des mesures très raisonnables, non? Catherine Bugmann – Nous approuvons les suppléments proposés dans le cadre de la consultation, par exemple en cas de travail de nuit ou d’horaires irréguliers – à condition qu’ils soient financés. Il convient néanmoins de faire preuve de prudence concernant d’autres propositions qui visent à réduire les durées maximale et normale de travail hebdomadaire ou donnent des instructions spécifiques pour les plans de service. Les services entrecoupés ne seraient ainsi plus possibles. Ne s’agit-il pourtant pas de mesures qui permettraient de soulager le personnel? Christina Zweifel – Les responsables politiques ont à cœur d’améliorer la situation, ce dont nous nous félicitons. Toutefois, ils souhaitent y parvenir par le biais de nombreuses réglementations. Mais si le Conseil fédéral fixe le temps de travail et prescrit la forme que doivent revêtir les plans de services, les entreprises et le personnel perdront la flexibilité leur permettant d’adopter des modèles qui leur conviennent. Or, les EMS ont besoin d’une certaine marge de manœuvre afin de pouvoir répondre aux besoins individuels du personnel. Catherine Bugmann – Au vu de la pénurie de main-d’œuvre, les entreprises proposent aujourd’hui déjà des modèles de travail modernes à leur personnel et créent un bon environnement de travail. Par ailleurs, les réglementations doivent avoir pour but d’aider réellement le personnel. Or, certaines mesures proposées entraîneraient plutôt une détérioration de la situation. Pourquoi une réduction du temps de travail aggraverait-elle la situation? Catherine Bugmann – En période de pénurie de main-d’œuvre, le travail serait réparti sur moins d’épaules, ce qui pourrait entraîner un surmenage. En réduisant le nombre d’heures de travail, on augmente le besoin en personnel. Or, celui-ci se fait rare. Christina Zweifel – Le but de l’offensive de formation est de faciliter le recrutement de personnel à l’avenir. Le vieillissement de la population nous pose toutefois d’autres défis: la pénurie de main-d’œuvre qualifiée ne cessera de s’aggraver ces prochaines années en raison du départ à la retraite des baby-boomers. Si, en plus de cela, nous réduisons maintenant le temps de travail partout et en même temps, cela ne fonctionnera pas. Peu importe le nombre de personnes que nous formerons, il y aura malgré tout une pénurie. «Afin de garantir la mise en œuvre de la loi, Artiset demande une augmentation de la contribution de l’assurance obligatoire des soins (AOS).» Christina Zweifel, directrice de Curaviva L’actu
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