Décembre I 2024 25 Bonne pratique nomie, ce qu’elle peut ou ne peut plus faire», résume Aurélie Vidon, infirmière à l’IMAD, qui travaille pour Cogeria. Elle et ses collègues utilisent différentes échelles spécifiques pour évaluer les syndromes de fragilité liés à l’âge et détecter une éventuelle dépression. Elles effectuent également des tests de mémoire, de mobilité et d’équilibre. La deuxième heure se déroule en présence du médecin de Cogeria, avec la mesure des paramètres vitaux et un examen clinique approfondi. Le binôme s’intéresse aussi aux activités sociales de la personne et à sa qualité de vie. «Le fait d’être au domicile de la personne est très instructif, cela nous en apprend beaucoup sur elle.» C’est aussi l’occasion d’aborder la question des directives anticipées ou d’une éventuelle inscription préventive en EMS. «Si les proches sont présents, nous prenons aussi un moment pour discuter avec eux, évaluer leur degré d’épuisement, entendre leurs besoins et voir comment nous pouvons les aider», ajoute encore Aurélie Vidon. Recommandations et mesures de pévention La consultation se termine par la formulation de mesures préventives à mettre en place en priorité, en accord avec la personne. Il peut s’agir de séances de physiothérapie à domicile, de la visite d’ergothérapeute pour adapter le logement, de la livraison de repas, de consultations médicales spécialisées, etc. Des ressources peuvent aussi être proposées pour soutenir les proches. «Nous ne formulons que des recommandations», insiste Aurélie Vidon. «Nous ne changeons pas les médicaments prescrits. Nous avons un rôle de consultant. La mise en place des traitements ou interventions que nous proposons reste du ressort des médecins traitants ou des équipes de soins de première ligne», renchérit Thomas Schmid. Le bilan gériatrique est intégré au plan de soins personnalisé. Il peut aussi contenir des recommandations pour un accompagnement social. Auquel cas, une demande est adressée aux assistantes sociales de Pro Senectute. «La demande peut concerner une préinscription en EMS, de l’aide pour faire valoir un droit aux prestations complémentaires ou à une allocation pour impotence ou encore un soutien pour la gestion administrative et financière», rapporte Sabine Alder, assistance sociale de Cogeria. Pour les personnes qui ne sortent pas ou peu, les professionnelles proposent la visite de bénévoles de la Croix-rouge afin de maintenir un lien social ou s’enquièrent des éventuelles activités adaptées dans le quartier. Le réseau professionnel et l’entourage de la personne sont informés, intégrés, impliqués, voire étroitement associés à toutes les étapes de la démarche, de la prise de rendez-vous, de l’évaluation gériatrique, des interventions et des mesures préventives proposées. Durant le suivi également. Dans les trois à six mois suivant la consultation, à moins d’un changement ou d’une dégradation importante de l’état de santé de la personne, l’équipe Cogeria n’intervient plus à domicile mais reste en contact téléphonique avec elle et l’ensemble de son réseau pour obtenir des nouvelles. Actuellement, quelque 500 personnes âgées en situation de fragilité sont ainsi suivies dans le cadre du dispositif cantonal Cogeria. Elles sont plus d’un millier à en avoir bénéficié depuis le lancement du programme. En cinq ans, le réseau Cogeria a pris de l’ampleur. «Nous avons acquis de l’expérience et un savoir-faire dans le domaine de la gériatrie. Nous avons aussi amélioré notre compréhension du réseau santé-social et développé une communication interprofessionnelle plus fluide», analyse Clément Graindorge. Au vu du nombre de personnes susceptibles de faire appel à Cogeria dans le canton, estimé à plus de 10 000, et si l’on suppose raisonnablement que la politique de maintien à domicile sera poursuivie, le dispositif devrait continuer de croître. L’équipe est encore petite – 16 personnes au total – et devrait s’étoffer elle aussi. Mais elle se sent déjà à l’étroit dans ses bureaux du centre-ville. Un déménagement est prévu pour le printemps prochain dans des locaux plus grands. «Nous avons acquis de l’expérience et un savoir-faire dans le domaine de la gériatrie. Nous avons aussi amélioré notre compréhension du réseau santé-social et développé une communication interprofessionnelle plus fluide.» Clément Graindorge, chef du projet Cogeria et médecin
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