Développer et mettre en place des innovations

ARTISET 02 I 2023 19 choisi une thématique large, «Human Services». Les quatre thèmes annuels abordent toutefois des problématiques plus précises. Durant le premier cycle annuel, qui s’est achevé en mars 2023 avec la présentation des huit projets soutenus durant l’année, des idées innovantes sur le thème des «Formes d’habitat et de soutien pour les seniors» ont été développées. Le cycle annuel 2023 est consacré aux «Services et prestations intégrés dans le secteur social et de la santé». Conformément aux directives d’Innosuisse, les équipes d’innovation doivent inclure au moins un partenaire de mise en œuvre et un partenaire de recherche. Toutefois, l’association a décidé que les équipes seraient composées de chercheuses et chercheurs, de prestataires et de personnes concernées ou leurs représentant·es. Ce qui explique le «co-» dans le titre du Booster. «En incluant les personnes concernées, nous nous assurons qu’elles puissent elles aussi bénéficier des idées développées», explique Daniel Höchli. «Cette collaboration n’est pas spontanée, on doit l’initier et apprendre à travailler ensemble.» Vingt-sept équipes d’innovation ont soumis leurs idées de projet au printemps 2022 et dix-neuf d’entre elles ont été sélectionnées pour une phase d’idéation et un premier soutien. «Accompagnées par une équipe de coaching, elles ont ensuite développé leurs idées pendant plusieurs semaines», indique Pascal Maeder, de la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO), qui coordonne le Booster «Co-Designing Human Services». «Ces discussions et recherches permettent notamment aux équipes d’échanger leurs points de vue.» À l’automne 2022, huit équipes se sont qualifiées pour une deuxième étape de promotion, la phase d’essai, lors de laquelle elles ont pu tester leurs premières solutions et hypothèses, notamment dans le cadre d’ateliers avec des jeux de rôles intégrant les différents points de vue. Des développements innovants Parmi les huit idées ainsi développées, il estime que le projet «Esp’Asse» peut être considéré comme une «innovation radicale» (lire en page 13). Dans la région de Nyon, des tests sont menés afin de déterminer comment aménager les locauxpour permettre le développement de nouveaux modèles de soutien conjointement avec des seniors, des sans-abri et des chômeuses et chômeurs de longue durée. Parmi les autres idées, Pascal Maeder mentionne à titre d’exemple le projet tessinois «Modello ABAD», dans le cadre duquel des organisations d’aide et de soins à domicile coordonnent le travail bénévole des proches et les soutiennent par des coachings afin de les décharger. Le projet bâlois «Demenz und Migration» constitue un développement innovant, grâce auquel des professionnel·les du domaine médico-social ainsi que des membres d’associations d’aide aux migrant·es peuvent acquérir des connaissances pour conseiller et soutenir les personnes atteintes de démence issues de l’immigration et leurs proches. Un processus complexe L’Association suisse pour la promotion de l’innovation sociale et Innosuisse effectueront un bilan intermédiaire au cours des prochains mois afin de s’assurer que l’Innovation Booster est le bon outil pour stimuler les innovations sociales. «C’est très exigeant de développer des idées de projets innovantes dans le cadre d’un processus ouvert impliquant différentes parties prenantes», constate Agnès Fritze. Elle estime qu’une année n’est pas suffisante pour faire avancer de tels processus d’innovation, qui sont encore nouveaux pour les domaines du social et de la santé. L’implication de représentant·es des personnes concernées est l’un des principaux défis à cet égard. Afin de pouvoir progresser dans de telles conditions, les équipes ont besoin d’un soutien supplémentaire. Les ressources nécessaires à cet effet sont cependant considérables, tant du côté de l’association que des organisations membres, d’autant plus que les organisations ne disposent pas de budget d’encouragement. Dans le cadre du deuxième cycle annuel, qui vient de débuter, des améliorations ont été apportées au processus. Quelle que soit la suite donnée à l’Innovation Booster, «c’est un bon essai», conclut Daniel Höchli. «Notre vision est de faire en sorte que les innovations sociales soient considérées comme pertinentes et nécessaires et largement acceptées par la société et le monde politique.» Agnès Fritze, directrice de la Haute école de travail social du nord-ouest de la Suisse FHNW

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